Baz'art  : Des films, des livres...
26 mai 2020

Sélection spécial littérature nord américaine : Maisons de famille et fantômes du passé.

 Une semaine après notre mardi conseil spécial exotisme oriental, celui de ce mardi va chercher dans les rives outre Atlantique sur la base de maisons de famille qu'on va habiter, souvent suite à un héritage ou à un décès et qui va devoir confronter son héros(ïne) aux fantômes et à ses secrets  enfouis du passé.

Trois excellents romans sortis récemment nous montrent l'exemple :

1/ Villa Chagrin : la très belle histoire de fantômes et de résilience de Gail Godwin  

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"Un pied devant l'autre. Rappelle toi, chaque fois que l'eau s'avance, tu te rapproches de ton but. Est ce un mirage ce minuscule camion blanc qui cahote au loin? Non, c'est lui qui roule vers le sud . Son salut d'homme à la peau tannée. T'es pas arrivé mon pote. Les vagues viennent se briser au plus près. L'honneur est sauf."

Voilà déjà six ans de cela , on avait beaucoup apprécié Flora, de Gail Godwin, une auteur américaine  de 75 ans qui a publié 14 romans mais dont peu ont été traduits en français.

Un récit initiatique et un très beau roman sur l'enfance, sur le fil ténu qui sépare l'innocence de la cruauté à travers les yeux d'une adolescente.

Pour son dernier roman publié en France, "Villa Chagrin," publié juste avant le confinement chez Joelle Losfeld, Gail Godwin creuse la même crête avec un nouveau récit d'apprentissage à la fois doux et cruel mais vu par le regard d'un jeune garçon.

Marcus, 11 ans, dont la mère qui l'éelevait seule difficillement,  a disparu suite à un accident de voiture, se retrouve élevé du jour au lendemain par sa tante Charlotte, une artiste peintre bourrue et excentrique qui vit sur une petite ile de Caroline du Sud..

Certaines des toiles de la tante fascinent particulièrement le jeune Marcus, notamment celles qui représentent une villa à moitié détruite, située à l'autre bout de l'île... la Villa Chagrin, lieu d'un drame survenu 50 ans plus tôt...

Le jeune garçon profondément tourmenté,  va être attiré par cette maison et ses habitants fantômes qui pourraient bien lui venir en aide dans son travail de deuil. Ce récit d'un chemin vers la  reconstruction d'un jeune préadolescent brisé par la vie se déroule le temps d'un été  est très beau car il évoque les fantômes d'un passé  aussi douloureux que salutaire et montre comment ce garçon et sa tante, personnellement a priori totalement dissemblables, vont apprendre à s'apprivoiser et à s'aimer. 

Cette histoire de secrets de famille et de deuil impossible pourrait être lourde et pleine de pathos, mais par la grâce de la plume de sa romancière , elle est une ode à la mélancolie et à la résilience proprement bouleversante..

 Joëlle Losfeld Editions, 328 pages, 22 euros. Disponible en version digitale

2/ Rien dans la nuit que des fantômes: un conte du Missisipi sous fond de droits civiques

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"Le lendemain matin, Billie s'habille debout sur sa valise car le foutu sol est gelé. Sans compter que le chauffe eau ne marche pas et qu'elle ne peut pas se réchauffer sous un douche brûlante. Elle remplit d'eau froide le minuscule lavabo de la salle de bains et se lave aux endroits critiques telle une bonne dans son arrière cuisine."

Billie hérite de la maison de sa grand-mère dans le sud des USA, en plein Mississipi, un sol qu'elle n'avait pas foulé depuis plus de trente ans et la mort de son père, célèbre poète noir,  dans cette même maison.

Mais tandis qu'elle découvre quelques secrets sur cette disparition paternelle,  elle doit commencer à démêler un enchevêtrement de préjugés et de violence qui gangrène sa ville natale et qui explose une fois dépassé le vernis des conventions.

 Rien dans la nuit que des fantômes- très beau titre, pour une fois plus beau que le titre original- est à la fois un thriller et un riche conte du delta du Mississippi, une histoire de droits civiques et de relations interraciales à travers les générations et également une saga familiale qui charrie son lot de secrets de famille.

Un  premier roman  assez magistral qui a pour toile de fond un Mississippi incroyablement atmosphérique, poisseuse et lumineuse dans un seul et même élan. Et cette Billie James est ces héroines qu'on n'oublie pas !  

 3/ Tempêtes : le conte d'épouvant noir et lyrique d'Andrée A Michaud 

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 "J'ai soulevé le premier pour en vérifier la couleur. Noir de jais, ai-je lu sur le contenant. J'ai soulevé le deuxième pot, le troisième, le quatrième. Noir, noir, noir. Ca n'avait aucun sens. J'avais vu du rouge, bloody Mary, c'était écrit sur l'étiquette, et du jaune citron. J'avais vu de la peinture jaune, joualvert. Je n'étais pas cinglée." "t'es forte Marie, tu vas t'en sortir."

Encore une histoire de jeune qui emménage dans une vieille maison léguée par un membre de la famille., mais là, on est bien plus dans le thriller d'épouvante que le drame social avec un environnement  aussi hostile qu'étouffant.

Marie, isolée dans cette maison en pleine montagne léguée par son oncle,  se sent epiée et menacée par la nature glaciale et par  Franck, cet inquiétant vagabon qu'elle va héberge

Bondée le précédent polar d'Andrée A Michaud révelait chez l'auteur québécoise  virtuosité dans la façon dont l'auteur joue avec la langue,  en utilisant comme rarement des  frontières poreuses  entre la langue française et la langue anglaise :

Andrée Michaud renouvelle cet exploit dans Tempête tant cette fois encore l'’écriture d’Andrée Michaud  possède une puissance d’évocation assez inédite entre réalisme et fantastique .

Sous la plume d’Andrée Michaud les descriptions sont évocatrices et poétiques  et font corps, comme le font les personnages de son intrigue avec les éléments déchainés et inhospitaliers.

On peut dire qu'elle excelle à créer une atmosphère, et à magnifier cette langue truffée de tropisme québécois.

 Le texte, dense et fiévreux,brouille les frontières entre cauchemar et réalité et se permet même à mi parcours de changer de point de vue avec l'appariition d'un nouveau narrateur un certain Ric Dubois, qui vient s’installer dans un camping de l’autre côté de Cold Mountain. ( que vient il faire là? ne spoilons pas)) 

Un  contes noir qui nous plonge  avec délice et jusqu'au cou aux rivages de la folie!

Tempêtes, Rivages/Noir, 336 pages, 20 euros. 

 

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