Critique: Les meilleures intentions : la vibrante chronique personnelle et universelle d'Ana Garcia Blaya
Pour son premier long métrage de fiction , "Les meilleures Intentions", la réalisatrice argentine Ana Garcia Blaya utilise, comme beaucoup d'autres cinéaste un matériau largement autobiographique, en racontant un moment précis de son enfance.
Ses souvenirs personnels convoquent forcément des échos universels avec cette histoire de trois enfants ballotés dans les années 1990 à Buenos Aires en pleine crise économique et qui naviguent entre deux parents divorcés, un père musicien largement irresponsable et une mère continuellement préoccupée par les soucis économiques du quotidien,
Mais contrairement à la plupart des fictions sur l'enfance d'un cinéaste, Ana Garcia Blaya va plus loin dans le procédé, conférant ainsi une sincérité et une singularité indéniables à son projet.
En efffet, à sa fiction savamment recomposé, elle intégre régulièrement ses propres archives familiales, à savoir une grande partie de films réalisés en vidéo réalisées par son propre père et elle les mélange avec des scènes filmées avec les acteurs, en reproduisant le même format vidéo (VHS), celui de l'époque.
Pour faire s'entrecroiser encore davantage la fiction et la réalité, elle utilise également la - très émouvante- musique du groupe « Sorry » dont son père faisait partie.
Par ce parti pris entre fiction et documentaire , la cinéaste met en dialogue ses véritables images de famille avec des reconstitutions fictives et rend un hommage aussi hybride qu'émouvant à ses parents et surtout à son père (Javier Drolas), un homme-enfant émouvant et attaché malgré lui à sa vie de bohème.
L'intrigue est en effet beaucoup centrée sur la relation des enfants avec ce père certes terriblement imparfait et immature, mais qui les aime profondément et ne se remet pas à l'idée de voir partir sa progéniture avec leur mère au Paraguay là où l'herbe est plus verte.
Mais la mère, quoique plus cartésienne et moins insouciante, n'a pas pour autant le mauvais rôle.
Jamais la cinéaste ne la juge, montrant autant les faiblesses de ses parents que leur amour inaltérable pour leurs enfants et leurs souhaits d'accéder à leur bonheur en dépit des épreuves.
En plus de ce vibrant hommage en forme de cri d'amour à ses parents, la réalisatrice filme aussi une belle histoire de transmission dans un récit d'apprentissage souvent doux mais parfois cruel qui montre des enfants qui basculent dans une autre dimension et qui doivent parfois assumer à la place des adultes des décisions qui les dépassent .
Ne ratez pas à sa sortie ces meilleures intentions, très belle chronique familiale, sensible et émouvante qui insuffle une petite musique personnelle bien loin des récits sur le divorce bien plus âpres comme "Kramer contre Kramer" ou "L'économie du couple".
Les Meilleures intentions à voir au cinéma le 15 février 2020/ Distributeur Epicentre Films
NB: à Noter que le scénario du film Les meilleures intentions, écrit en 2010, a permis à Ana Garcia Blaya- voir photo ci dessous de remporter le concours du premier long métrage de l’Institut National du Cinéma et des Arts Audiovisuels.