ÉTÉ 85: François Ozon meilleur réalisateur français d'aujourd'hui?

9 juillet 2020

ÉTÉ 85: François Ozon meilleur réalisateur français d'aujourd'hui?

Un an après le remarquable Grâce à Dieu, François Ozon nous frappe en plein coeur avec Eté 85, qui sortira ce 14 juillet en salles pour un beau feu d'artifice sur des grands écrans qui en avaient bien besoin.

Un très beau teen movie à la fois solaire et nostalgique, leger et tragique ; très belle histoire d'amour et de résilience.

Il est venu présenter son film sur Lyon jeudi dernier avec ses deux jeunes et excellents comédiens principaux Félix Lefebvre et, Benjamin Voisin, et nous a une nouvelle fois prouvé que l'homme est aussi sympathique que le cinéaste est talentueux, c'est dire!

Un été dans la lumière fraiche du Tréport, un dernier été avant de devenir adulte.

Alexis, seize ans, se trouve à un carrefour de sa jeune vie, cet été sera aussi celui du choix. Deviendra-t-il docker, comme son père le souhaite, ou bien passera-t-il son bac littéraire comme le presse son professeur de français ? Mais cet été, Alexis est aussi disponible à l’amour et pour lui il rime encore avec toujours.

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Alors qu’il a fait naufrage avec son voilier, Alexis est secouru par David, le beau David, un sauveur tout droit sorti d’une illustration de Pierre Joubert pour la collection “Signe de Piste”.

David, de trois ans son ainé, va lui apprendre l’amour, la passion et bien sur la trahison.

Comment fait-il François Ozon pour ne jamais rater un film et devenir sans doute un de nos si ce n'est le meilleur réalisateur français en activité?

Il le prouve en tout cas dans cette sublime autopsie d’un premier amour.

Mise en scène discrète et pourtant d’une classe folle, direction d’acteurs impeccable, seconds rôles savamment choisis- notamment une Isabelle Nanty loin des tuche ou Melvil Poupaud en professeur ambigu et scénario au cordeau.

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Ozon a voulu retrouver le grain de l'image de l'époque et pour cela, fait comme il l'avait fait pour Frantz ou Angel, ses autres films d'époque, il filme en 35mm ce qui donne une dimension singulière, loin du coté lisse et aseptisé du numérique d'aujourd'hui.

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Lorsqu'il avait 17 ans, François Ozon avait lu le roman à l'origine de son film, La danse du coucou, d'Aidan Chambers - qui part d'un fait divers anglais où un garçon de 16 ans qui a profané une tombe par amour doit paraître au tribunal.- et rêvait de l'adapter depuis 25 ans.

On se rend compte que ce livre a infusé longtemps dans l'esprit d'Ozon car plusieurs séquences d'"Eté 85" comprises déjà dans le livre sont des clins d'oeil aux précédents films d'Ozon, là cette scène de morgue qui fait référence à "Sous le sable" mais version plus queer et déluré, là encore cette scène de transmission professeur élève qui rappelle "Dans la Maison" , et là encore cette séquence dans un cimetière qui renvoie un écho évident à Frantz.

Alors qu'Ozon nous a confié jeudi dernier avoir écrit un scénario dans les années 90 adapté du roman de Cahmbers, mais quelque chose qui était plus violent et plus linéaire, Ozon a choisi de transposer cette histoire anglaise dans la lumière du Tréport et conserve la construction narrative en forme de puzzle de Chambers et ose une oeuvre finalement douce et où l'homosexualité n'est jamais vraiment vu comme une souffrance.

Son couple d'amoureux transis - joués par deux révélations totales, les exceptionnels Felix Lefebre et Benjamin Voisin- s'aiment et se déchirent comme tout couple hétérosexuel le ferait.

Leur entourage semble également ne pas vraiment condamner la nature de cet amour, alors même que dans les années 80, les films sur ce thème là, ceux de Chéreau ou de Fassbinder notamment dégagaient une souffrance et un coté sombre indéniable .

Avec Eté 85- qui aurait du s'appeller "Eté 84" avant que Robert Smith et son In Between Days ,qui ouvre et termine le film ne veille au grain- François Ozon va plutôt sur les traces inattendues d'un Eric Rohmer avec cette bluette profonde et estivale.