Actualités /Sorties DVD : Un fils, Une sirène à Paris, Nuestra Madres
1/ Un fils ;Mehdi M. Barsaoui
"Un fils"est un film qui touche , aussi bien par la pertinence et la finesse de son propos que l'acuité et la tenue de sa mise en scène
Le film commence lorsque Farès et sa femme Meriem, un couple tunisiens qui ont bien réussi dans la vie, décident de partir quelques jours en vacances pour faire découvrir la beauté du désert à leur fils unique, Aziz, qu'ils couvent d'un précieux amour .
Le séjour va hélas virer au cauchemar lorsque leur voiture tombe dans une embuscade tendue par un groupe terroriste. Grièvement blessé, Aziz est hospitalisé d’urgence.
Seule une greffe du foie pourrait peut-être le sauver.
De cette situation tragique et extrêmement tendue, va se mêler la révélation d' un secret de famille particulièrement inattendu et qui pourrait bien modidifer la donne entre Farès et Mériem.
Inutile d'en dire plus sous peine de spoiler l'intrigue qui mérite largement qu'on en ait la primeur.
L'important est de signaler qu' UN FILS se révèle un film bouleversant, qui mêle brillamment un drame intime et filial à l’histoire de la Tunisie .
Avec sa mise en scène organique, au plus près de ses personnages, et magnifié par un très beau format en Scope, on ressent absolument toute l'amplitude de la souffrance et des questionnements moraux qui les traversent.
A ce propos le toujours formidable Sami Bouajila y livre une très belle performance d’acteur qui lui a d’ailleurs fait remporter le Prix Orizzonti du meilleur acteur à la 76ème Mostra de Venise.
Pour lui donner la réplique, Najla Ben Abdallah, moins connue en France, mais qui a une certaine notoriété en Tunisie grace à des rôles à la télé, est une vraie révélation tant elle apporte énormément de nuances à ce formidable personnage de Meriem.
Le film, aussi bouleversant que tendu, avec des enjeux proches du thriller que l'histoire fait soulever, est une incontestable réussite et sans aucun doute l'un des films les plus enthousiasmants de ce début d'année.
Bien largement récompensé lors du festival de Cannes 2019 (Caméra d'or et prix SACD à la Semaine de la critique) et auréolé d'une dizaine de prix internationaux, NUESTRAS MADRES de César Diaz,devait sortir dans les salles françaises le 8 avril 2020.
Plus de cent avant-premières étaient prévues au mois de mars, beaucoup d’entre elles en présence du réalisateur. En raison de la crise sanitaire, toutes ces avant-premières ont été annulées, et César Diaz est resté bloqué au Guatemala.
Du coup Pyramide, le distributeur du film a fait le choix de sortir directement le film en VOD. Un film nécessaire et important qu'il convient de rattraper désormais en DDD.
Comme de nombreux pays latino-américains , le Guatemala a connu un régime dictatorial militaire long et douloureux. Les morts et disparus ont été nombreux.
Les cicatrices se referment visiblement assez difficilement et pour parvenir à cauteriser les plaies, le travail de mémoire semble indispensable tant la fracture est encore grave et douloureuse pour le peuple guatémaltèque.
C’est le postulat de départ du long métrage NUESTRAS MADRES qui raconte l’histoire d’Ernesto, un jeune légiste qui, alors qu’il identifie des corps, pense avoir des informations pour retrouver son père, un rebelle ayant disparu durant la guerre.
. Un film comme NUESTRAS MADRES est donc un travail nécessaire de résilience collective. Bien que cette histoire soit très personnelle, et très inspirée de ce qu'a vécu sa propre famille , César Diaz donne une portée à son film et tisse une oeuvre salutaire pour tout un peuple sur les conséquences de ce génocide.
. En choisissant de raconter cette histoire au travers du regard d’un jeune adulte confronté à cette question, témoin et passeur de mémoire , le cinéaste guatamalais opère un choix judicieux qui lui permet d'aborder ce sujet de manière à la fois frontale et avec le recul nécessaire à ce lourd tribut. ’
Ernesto révèle des faits qu’il considère devoir porter à la connaissance de tout le peuple Guatémaltèque dans son ensemble.
Les victimes de cette dictature sanguinaire ont besoin de gens comme Ernesto pour les écouter, pour donner suite à leurs histoires et, si possible, pour leur donner le soulagement et la libération dont ils ont besoin après avoir subi un tel traumatisme grave. .
NUESTRAS MADRES est une belle Caméra d’Or, une œuvre poignante réalisée avec énormément de sensibilité, d’humilité et de respect.
A travers son personnage de passeur, ouvert d’esprit, respectueux et tendre, César Diaz propose une œuvre à son image, très personnelle, qui ne peut que toucher les cœurs.
Et contrairement à certains films dossiers, où la porté du sujet emporte tout le reste ,Diaz n'oublie pas d'apporter une vision de réalisateur , portée par une approche a priori naturaliste transcendée par des longs plans séquences de toute beauté où les chants et les silences ont toute leur place .
Le film a aussi la grande qualité de ne durer qu'une heure vingt et de ne pas sembler trop court, ce qui est à louer, en ces temps où les films dépassent souvent les deux heures et semblent toujours connaitre un creux à mi parcours.
Gageons que le couronnement de Nuestras madres à Cannes 2019 donne envie aux cinéphiles curieux d'aller voir sur les plateformes de VOD ce très beau film.
Mathias Malzieu renoue avec le monde imaginaire et merveilleux de la "mécanique du cœur" (voir notre critique de son très joli film ici.) avec son second film, une histoire d'amour atypique entre un homme et une sirène avec ce premier film live de Mathias Malzieu, intitulé comme le roman, "Une Sirène à Paris" .
Le leader de Dyonisos, artiste complet et particulièrement inventif, nous livre un film fantasque et poétique à l'image du roman qu'on avait tant aimé l'an passé , et les allergiques au cynisme que nous sommes seront ravis de se laisser immerger par ce qui était annoncé par son auteur comme une "folle histoire d'amour impossible entre une sirène au chant mortel et un chanteur rock'n'roll".
Le Flowerburger, la péniche héritée de la grand-mère du héros Gaspard est le décor idéal pour cette histoire que ne renierait pas un Tim Burton , un Jean Pierre Jeunet ou un Guillermo Del Toro, surtout son dernier film auquel on pense pas mal pendant la vision de cette Sirène à Paris .
D’une séquence à l’autre, Malzieu saupoudre avec de sa touche singulière poético-féérique cette histoire qui réenchante notre quotidien, révelant un imaginaire à la folle poésie qui nous envoute et nous ravit.
Nicolas Duvauchelle (plus solaire et léger qu'à l'accoutumé ) et Marilyn Lima (découverte dans Bang Gang, une histoire d'amour d'Eva Husson et parfaite en objet de désir inacessible) sont les héros rêvés de cette histoire aussi poétique que féérique dans une réalité où la réalité est distordue pour que n’apparaisse que la beauté de toute chose.
Et Nicolas Duvauchelle et Marylin Lima (qui ont remplacé au pied levé Reda Kateb et Clemence Poésy qui étaient prévus avant le tournage) ont accepté de relever le challenge de chanter dans plusieurs séquences musicales du film, ce qui augmente encore leur pouvoir d’incarnation.
Disponible en VOD le 19 août
Et en DVD le 16 septembre