L’enfant rêvé : la belle tragédie sur la paternité de Raphaël Jacoulot
Lors de ma rencontre avec lui, la semaine dernière, le réalisateur Raphaël Jacoulot- un cinéaste que je connais depuis 2012 et qu'on était membres du même jury de cinéma à Annonay, m'a confié que son dernier long métrage "L’enfant rêvé" était sans doute le plus personnel des quatre qu'il a réalisé depuis le début de sa carrière .
Raphaël Jacoulot avait en effet très envie de raconter une histoire de quête de paternité, un sujet moins traité au cinéma que la quête de maternité.
Il a donc pris le stylo, aidé de plusieurs scénaristes, notamment deux femmes apportant un regard féminin manifeste sur l'histoire sur ses personnages.
Ensemble, ils ont conçu un récit plein de rebondissements et de justesse, nourri d'élements personnel et tourné dans la région natale de Raphaël Jacoulot, ce Jura truffé de pins au vert sombre et éclatants dans un seul et même élan.
A travers l'histoire de François- Jalil Lespert qu'on a rarement vu aussi intense et habité- , qui dirige la scierie familiale mais qui ne peut pas avoir d'enfants avec sa femme , on suit le parcours du combattant pour avoir un enfant, entre processus de PMA (procréation médicalement assistée) et projet d'adoption.
La quête de la paernité est peu souvent abordée au cinéma, et le réalisateur l'agrémente d'une histoire d'amour avec une autre femme, interprétée par Louise Bourgoin , qui va d'abord une rencontre fantasmée, coup de foudre passionnel.
L'amour fantasmé qu'il éprouve pour Patricia est à l'opposé de ses sentiments pour son épouse avec qui ses rapports charnels notamment, tournées autour de la PMA, sont forcément plus mécaniques et moins fantasmagoriques.
Sauf que Patricia va tomber enceinte et Francois va voir en elle une possible mère pour son enfant., mais comment accepter cela sans trahir sa légitime?
Ancien élève des Beaux arts, Raphael Jacoulot opte pour une mise en scène tres picturale des plans et des cadres mettant en valeur cette nature aussi majestueuse que terrifiant mais sait également soigner son récit, à la manière d'un Francois Truffaut ou d'un André Téchiné à qui on pense souvent.
Comme François est pris entre deux femmes, L'enfant rêvé bascule entre deux cinémas assez différents : le cinéma naturalitste, presque documentaire,- le métier de François qui travaille dans une scierie est très bien retranscrite- et l'autre plus lyrique, plus romanesque qui fait donc songer à un Truffaut ambiance "La femme d'a coté", mais aussi un film hollywoodien comme "La fièvre dans le sang" d'Elia Kazan, un autre grand et beau film dont cet enfant rêvé se veut un digne cousin.
L’enfant rêvé de Raphaël Jacoulot à voir au cinéma ce mercredi 7 octobre
Avec Jalil Lespert, Louise Bourgoin, Mélanie Doutey