
Comment parler d'un mythe sans tomber dans l'hagiographie ? Voilà la lourde tâche à laquelle s'est attelée Jon Lee Anderson, journaliste au New Yorker, correspondant de guerre et spécialiste de l'Amérique Latine, à travers le roman graphique Che, une vie révolutionnaire.
A peine son diplôme de médecin en poche, Ernesto Guevara quitte l'Argentine pour voyager dans d'autres pays d'Amérique Latine tout en soignant des gens. Deux ans plus tard, au Mexique, il croise la route de Fidel Castro et embarque avec lui sur un bateau de fortune direction Cuba. C'est là bas qu'il combat dans la forêt et que sa légende se construit avec toujours le même but, mettre fin à l'impérialisme américain.
Les dessins de José Hernandez sont magnifiques, le récit est rythmé par les lettres que le Che envoie à sa mère (ce qui rend le roman graphique plus intime et plus touchant ), le travail d'investigation de l'auteur est indéniable mais malheureusement, les dialogues sonnent souvent faux par didactisme.
Le Che, défenseur du peuple apparaît peu, même s'il souligne qu'il faut combattre toutes les inégalités.
Pour lui, la révolution ne peut avoir lieu que dans le combat armé et dans le sang et c'est cette dimension qui ressort le plus.
Pourquoi est il prêt à sacrifier sa vie pour une cause ? D'où lui vient cette volonté de faire tomber les dictateurs et le capitalisme américain ?
Le roman graphique reste muet à ce sujet et de manière globale la psychologie du Che reste mystérieuse.
A force de vouloir retranscrire toutes les informations compilées, la trame romanesque nous a paru bien mince.
Un roman graphique qui ne nous a pas embarqué avec lui mais qui donne une image beaucoup plus contrastée du Che que celle d'un simple héros.
Jon Lee Anderson (Auteur)
Editeur : Librairie Vuibert