La peau des nuits cubaines : Salim Bachi, fumeur de (la) Havane?
«Je dérive donc entre le continent de ma naissance et ce nouveau monde qui s'offre à moi dans son étrangeté, au point de m'abandonner, navire corsaire sans mâture, vaisseau fantôme voguant sur des souvenirs absents.»
Réalisateur délaissé par sa femme, le narrateur est parti quelques semaines à Cuba pour y tourner un documentaire.
A la Havane où le cinéaste se rend pour filmer le grand théâtre du monde qui l'entoure, il fait la rencontre d'un certain Chaytan, un Iranien en exil, coureur de jupons et ami fidèle.
Transcendant les désillusions et les anciennes rancoeurs, notre cinéaste va s'affranchir de sa désespérance et renaître au désir et à la vie.
Récit de voyage divisé en sept étapes linéaires, "La peau des nuits cubaines » de Salim Bachi traite de l'exil et du voyage de façon philosophique, presque métaphysique.
Le romancier Salim Bachi, après son récit Dieu, Allah, moi et les autres, ou un Un jeune homme en colère aime les voyages et il aime nous les faire partager
Il le fait joliment à travers ce livre, paru en mai 2021, un an après sa sortie initiale retardée pour cause de confinement, qui semble être autant un récit fictionnalisé sur un pays Cuba qu'il décrit avec volupté et sincérité.
"Chaleur, pauvreté, je retrouve un sol qui s'était dérobé après vingt années passées dans une ville couvant en son sein les pires turpitudes sous le masque des convenances bourgeoises.»
Court et efficace, cette déambulation sur une remise en question dans un monde superficiel que rien ne semble ébranler, entremêle joliment mythes d'Ulysse et de Faust en exacerbant la vie.
La peau des nuits cubaines, Salim Bachi, Gallimard, 6 mai 2021, 156 p.