L'AVC raconté par celles qui en ont été victimes
C'est loin d'être anodin d'être victime d'un accident vasculaire cérébral (AVC), accident brutal et violent qui chamboule notre vie du jour au lendemain.
Dans les récentes publications qui nous sont arrivés dernièrement, deux récits de jeunes femmes qui ont subi cette épreuve et qui à leur manière raconte tout cela, entre hospitalisation, réeducation et espoir au bout
1/ Et par endroit ca fait des noeuds; Camille Reynaud ( Editions Autrement, 13 janvier 2021)
"Le fonctionnement du cerveau n'est pas linéaire. Pourquoi celui de mon récit le serait il ? J'écris comme l'électricité circule dans mon cerveau- par connexions, bifurcations, disgressions , noeuds et paysages"
Quand on a une vingtaine d'années, personne ne peut s'attendre à etre victime d'un AVC.
C'est pourtant ce qui arrive en 2017 à Camille Reynaud, qui séjourne alors en Espagne. Les symptômes n'ont pourtant rien de très alarmant: des maux de tête persistant, des troubles de la vision puis de la mémoire et de la parole.
Il faudra trois jours pour que son état soit pris au sérieux et le diagnostic de l'AVC posé.
Sans se lancer dans le témoignage frontal ni larmoyant, Camille Reynaud raconte comment elle a pu se reconstruire par l’écriture, par la compréhension de la maladie et par l'exploration culturelle après avoir vécu un AVC à 23 ans.
Son corps lui échappant, la jeune femme se le réapproprie par le biais d'une autofiction qui convoque de multiples références autant philosophiques qu'artistiques qui montre à quel point le corps humain est une machine qui garde un mystère total.
2/ Memento Mori, Tiitu Takalo (Sarbacane 3 mars 2021)
Le 4 décembre 2015 avait tout d’une belle soirée.
Un projet d’exposition sur le point d’être finalisé, un bon film entre amis, quelques mots doux échangés avec son amoureux…
Quand Tiitu s’endort paisiblement dans son appartement de Tampere, elle est loin de se douter que sa vie est sur le point de basculer, qu’une hémorragie cérébrale va la conduire, à 37 ans et en l’espace d’une nuit, au bord du précipice.
Et pourtant, tout ne fait que commencer. Tiitu a survécu à cette épreuve et elle doit désormais réapprendre à vivre, pas à pas, au rythme des soins infirmiers et d’opérations lourdes, grâce aux deux amours de sa vie, son compagnon Mikko et le dessin qu'elle pensait avoir oublier et qui va lui faire revenir à la vie…
On avait découvert l'an passé en France l'oeuvre de Tiitu Takalo, l’une des plumes les plus talentueuses
de la bande dessinée finlandaise, lauréate en 2015 du prix Finlandia, plus prestigieuse récompense
que puisse remporter une bande dessinée en Finlande,.
Ici, elle raconte avec poésie et une grande sincérité cette déflagradation qu'elle a subi en 2015.
Elle raconte notamment son impuissance et son désespoir,
les cicatrices de son corps et les expressions de la douleur.
Memento mori est à la fois un soutien pour les autres malades et une fenêtre sur la réalité pour ceux d’entre eux
qui ont été épargnés par des maladies aussi terrifiantes jusqu’à présent.