Baz'art  : Des films, des livres...
30 mars 2021

Revue de littérature spécial les éditions Philippe Rey !

   Même si il a créé sa maison d'édition assez récemment, en 2003, Philippe Rey n'est pas vraiment un débutant à ce moment là  puisqu' il s'appuie sur dix ans de travail chez Stock.

Il va très vite mettre en place une maison d'édition,  Les éditions Philippe Rey à la forte identité éditoriale, qui  se consacrent principalement à la littérature étrangère   avec l'immense Joyce Carol Oates en tête de gondole mais également de fabuleux romans chaque année.

On a eu envie, au hasard de nos dernières lectures, de mettre en avant trois parutions chez Philippe Rey qui nous ont beaucoup emballé : 

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1/Mes animaux sauvages; Kevin Bentley (chaudes) chroniques de San Fransisco

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 "Puis on avait prévu d’assister à une représentation cuir du Songe d’une nuit d’été donnée dans un entrepôt de Folsom, mais comme c’était complet (il ne me reste qu’à imaginer le résultat), on est revenus ici. On s’est installés côte à côte sur mon lit pour regarder la télé - Butley, avec Alan Bates - jusqu’à ce qu’il se retourne et m’embrasse."

Originaire du Texas, Kevin Bentley débarque à San Francisco en 1977 à l'âge de vingt et un ans.

Désirant échapper au  puritanisme de sa province étriquée, le jeune homme découvre SF, ville mythique pour la jeunesse,  lieu de drague, et incontournable  point de ralliement de la communauté homosexuelle.

Dans "Mes animaux sauvages" ,  Kevin Bentley,  libraire homosexuel à San Francisco raconte son exploration de la scène gay de la ville californienne  entre 1977 et 1996.

 Kevin Bentle, livre  l'édifiant portrait  d’une époque, et montre la profonde 'insouciance  qui régnait alors à  la fin des années 1970 et du début des années 1980, durant lesquelles la libération sexuelle  et l'hédonisme sont les maitres mots.

Les ingrédients qui parcourent ce journal intime  donnent un cocktail indécent et jubilatoire :  pas mal de sexe, des sorties la nuit, un peu de littérature, de cinéma et de musique, l’amitié, et le début du Sida qui peu à peu emporte tout sur son passage et conférant alors une pointe de mélancolie à un récit auparavant léger et hédoniste en diable.

Un récit  parfois très cru- âmes sensibles s'asbtenir- sans volonté de théorisation à outrance ni réflexion métaphysique très poussée- c'est à la fois sa force et sa limite-, mais assurément drôle et sexy,  et assurément d'une redoutable efficacité .

Kevin Bentley, « Mes animaux sauvages » (Philippe Rey) ; février 2021

 2/American Dirt  ,  Jeanine Cummins :LA MORT AUX TROUSSES 

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"Elle imaginait que tout enfant engendré par Sebastian sortirait de son ventre doté d'une moralité entièrement constituée et irréprochable. Qu'elle n'aurait même pas à lui enseigner la différence entre le bien et le mal. Mais à présent, les cartels assassinnaient un journaliste mexicain presque chaque semaine, et Lydia jugeait plus sévèrement l'intégrité de son mari."

L'histoire d'American Dirt  est formidable parce qu'au delà de la fiction, ce roman éclaire sur la violence de la vie dans certaines régions mexicaines complètement gangrenées par les cartels et parce qu'il aide à comprendre pourquoi des gens sont prêts à fuir leur pays coûte que coûte et dans les conditions les plus terribles.

▪️Quelle écriture incroyable de Jeanine Cummins (traduite par François Adelstain et Christine Auché) !

J'ai été plongée dans le livre dès la première ligne. J'étais dans cette salle de bains avec Lydia et Luca, seuls rescapés d'une tuerie effroyable. J'étais avec eux dans chaque étape de leur périple vers El Norte, le cœur battant devant les obstacles, les risques et la menace constante d'être rattrapés par Javier, le chef d'un cartel. 

▪️A lire absolument pour cette terrible et oh combien courageuse épopée d'une mère et d'un fils, pour les très beaux portraits des personnes autour de ce duo, pour cet instinct de survie qui les anime et qui nous donne envie de leur souffler puissamment dans le dos pour les pousser vers la liberté.

A lire aussi car c'est un hymne très émouvant à ces milliers de migrants qui risquent leur vie chaque jour avec l'espoir d'en vivre une en paix ailleurs. 

▪️Ne zappez surtout pas l'épilogue dans lequel Jeanine Cummins répond à toutes les questions qui m'ont traversé l'esprit quand j'ai avancé dans ma lecture.

▪️Un roman bouleversant et d'autant plus nécessaire quand, en cette période de confinement, la tentation du repli sur soi est encore plus grande ! 

 3/ Rompre les digues ;Emmanuelle Pirotte: (Sur)Vivre dans une société déshumanisée 

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 "Le garçon remarqua les yeux d'évène posés sur lui et rougit, en soutenant cependant son regard.Il avait du cran, ça se sentait. Du cran et une splendide curiosité. Il ne doutait de rien. Il le prouva en demandant à Téodora de quel pays elle était originaire.Elle n'eut aucune hésitation en laissant tomber "  from Salvador " avec un aplomb un peu tranchant"

Renaud, Tarik, François Téodora. Le destin de  plusieurs personnages qui s'entrechoquent avec violence dans une société déshumanisée et en perte totale d'illusions. 

Haine, amour, argent ? Qu'est ce qui fait au juste qu'un être humain se sente vraiment en paiux avec lui même et un tant soit peu heureux? 

Dans le nouveau roman de la romancière belge d'Emmanuelle Pirotte, auteure notamment de l'excellent "D' innombrables soleilsl'histoire d'une improbable rencontre entre le quadragénaire Renaud, qui coule des jours malheureux dans son immense maison de maître sur les rives de la mer du Nord, et Teodora, jeune Salvadorienne taciturne.

Un beau texte littéraire d'un auteur qui sait  pleinement diversifier sa plume.

Rompre les digues" d'Emmanuelle Pirotte aux Éditions Philippe Rey, 20 €.

 

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