La montée des eaux : un roman allemand qui nous fait chavirer
"Rien qu’un oiseau filant vers les hauteurs avant de s’engager résolument dans une direction, aiguille sur deux heures, cap au sud, dans un ciel où la lumière avait des scintillements d’asphalte, où les feux de circulation traçaient sous les nuages une large bande orangée. Il restait là, égrenant entre ses doigts quelques grains de maïs encore, et ce fut la dernière fois qu’il posa les yeux sur l’oiseau. "
Tout commence sur une plateforme " off shore" d'extraction pétrolière, un lieu hostile, balayé par les éléments, lieu fascinant et un peu glauque noyé par les parfums de pétrole et de gaz. Waclaw Groszak, quinquagénaire fatigué qui y livre un travail harassant depuis des années, s'aperçoit un beau matin que son collègue de longue date, le hongrois Matyas, a soudainement disparu.
Alors débute pour Waclaw un voyage sur les traces de son ami en Hongrie puis à travers l’Europe sur les chemin de son passé, de ses amis et amours d’une vie passée entre déracinement et ports d’attache.
Un voyage, plutôt une errance car le périple que va enteprendre Waclaw semble avant tout fait pour sonder ces territoires de la solitude où se mêlent souvenirs d’hier et vie sur les plateformes.
Waclav, être taiseux qui a toujours travaillé de façon très physique, et avant tout pour survivre sans forcément se lancer dans l'introspection, va parcourir des paysages sublimes et traversés par la solitude .
Pour son premier texte de fiction, l'allemande Anja Kampmann préfère privilégier les sensations plutot que l'action ou l'émotion.
Par son écriture très ciselée, elle nous offre un récit qui cherche avant tout à percevoir le monde, la rudesse des éléments qui cotoient l'immensité des paysages,
Elle nous donne à voir et à lire ces merveilles de la nature qui nous entourent et qu'on ne prend pas toujours la peine de contempler, ainsi que les tréfonds de l'âme humaine, dans une dimension presque métaphysique qui fait un peu penser aux films de Wim Wenders ( Paris Texas, les ailes du désir) un de ses illustres compatriotes..
La montée des eaux, un texte puissant et singulier à découvrir dès à présent.!!
La Montée des eaux » (Wie hoch die Wasser steigen), d’Anja Kampmann, traduit de l’Allemand par Olivier Le Lay, Gallimard, « Du monde entier », 448 p., 23 €, numérique 17 €.; mars 2021