Profession du père : quand Jean-Pierre Améris livre une adaptation sincère et personnelle de Sorj Chalandon,
Emile, 12 ans, vit dans une ville de province dans les années 1960, aux côtés de sa mère et de son père. Ce dernier est un héros pour le garçon.
Il a été à tour à tour chanteur, footballeur, professeur de judo, parachutiste, espion, pasteur d’une Église pentecôtiste américaine et conseiller personnel du général de Gaulle.
Et ce père va lui confier des missions dangereuses pour sauver l’Algérie, comme tuer le général.
Sorj Chalandon avait bouleversé les lecteurs avec son roman « Profession du père » en 2015 dans lequel il racontait l’amour inconditionnel d’un fils pour son père, dont le prestige et les exploits ne tarissent qu’au fur et à mesure de leurs périlleuses et invraisemblables missions.
Le livre fut adapté en bande dessinée en 2018 chez Futuropolis : il l'est désormais dans une version cinéma que le public pourra aller voir en salles le 28 juillet prochain réalisé par le lyonnais Jean Pierre Ameris.
Sorj Chalandon raconte son enfance passée à Lyon en 1961 avec un père mythomane qui raconte des choses invraisemblables et qui va entrainer son fils dans ses aventures et ses manigances – mettre des lettres anonymes dans les boites aux lettres, puis des choses de plus en plus dangereuses.
On est profondément touchés par cet enfant qui veut croire aux délires de son père jusqu’à ce qu’il comprenne en grandissant, par cet enfant qui semble toujours animé – même faiblement -par l’espoir d’un futur plus gai, plus libre (l’appartement, le trio familial ressemblent vite à une prison).
Jean Pierre Améris z choisi de raconter cette histoire du point de vue de l’enfant, et de montrer à la fois le plaisir et le danger qu’il puisse y avoir à trop croire aux fictions des autres et comme nous l'a confié dans une interview beaucoup de liens avec sa propre enfance.
Sans être mythomane, le père du réalisateur était un véritable tyran domestique et certaines séquences qui n'étaient pas forcément dans le roman de Chalandon montre cette violence paternelle difficile à contenir–
Son père a beau le maltraiter, le rabaisser sans cesse, le frapper, Emile n’a de cesse de chercher son amour, d’essayer de se fondre dans le décor de cet appartement triste, de tenter de ne pas le décevoir une autre fois.
Dans un décor est très coloré, le réalisateur Jean-Pierre Améris a choisi le comédien Benoît Poelvoorde avec qui il avait déjà tourné deux fois pour incarner le père et a opté pour un jeu vivant plus que sombre.
Globalement, la tonalité très noire du roman d'origine est ici laissé de coté pour un film qui préfère conserver une tontalité presque de comédie en apportant un coté plus coloré, plus insouciant à la dramaturgie du texte de Sorj Chalandon.
Si Benoît Poelvoorde en fait sans doute un peu beaucoup et passe un peu à coté du rôle, Audrey Dana, dans un personnage pas facile à contre emploi d'épouse et mère soumise et taiseuse, trouve ici un de ses plus beaux rôles et le jeune Jules Lefebvre, tient le rôle principal avec malice et fragilité en même temps.
Profession du père
au cinéma le 28 juillet Un film de Jean-Pierre Améris
distribué par AD VITAM