Avec Delon et Belmondo, Jean Louis Trintignant  a fait partie dans le mitan des années 70 du trio d’acteurs français le plus sollicité par les metteurs en scène, en France et en Italie.

Au cinéma, il a été l’anti-héros du Conformiste de Bernardo Bertolucci, ( qui est sans doute le film préféré de sa filmographie) le juge obstiné de Z de Costa-Gavras, le truand marginal de Regarde les hommes tomber de Jacques Audiard, mais aussi l’inoubliable amant d’Un homme et une femme de Claude Lelouch ou le bouleversant vieil époux d’Amour de Michael Haneke.

Sur les planches, il a joué Shakespeare et Tennessee Williams, lu, avec sa fille Marie, Prévert et Apollinaire, ces poètes qui, à l’adolescence, lui ont donné le goût des mots et de la scène.

Quand, après des petits rôles, Roger Vadim le dirige en 1956 dans Et Dieu… créa la femme, le débutant au sourire timide crève l’écran.

Après Brigitte Bardot, avec laquelle il a une courte idylle, l’acteur partage l’affiche avec les plus grandes actrices, de Jeanne Moreau à Anouk Aimée, de Fanny Ardant à Emmanuelle Riva et, bien sûr, Romy Schneider, dont il tombe amoureux sur le tournage du Train de Pierre Granier-Deferre… 

Très tôt, Trintignant ne se laisse pas enfermer dans des caractères et un type de jeu.

Il sera, alors que le cinéaste lui donne le choix entre deux rôles, un activiste d’extrême-droite, soit un personnage aux antipodes de sa nature, dans Le Combat dans l’île d’Alain Cavalier en 1962. 

 Trintignant et sa voix reconnaissable et inégalable va  se prêter aux méthodes de Claude Lelouch, qui demande à ses acteurs d’improviser avec Un homme et une femme.

Le film, grand prix au festival de Cannes en 1966, le propulse véritablement vers le vedettariat. Autre expérience, le pistolero du curieux western de Sergio Corbucci, Le Grand silence, en 1968, dont l’acteur imposa qu’il soit muet.

  Des années de jeunesse à celles de la maturité, Trintignant, 90 ans aujourd’hui, et filmé à Uzes et à Avignon au cours de l'été 2019;  se montre dans ce documentaire tour à tour malicieux, grave, enjôleur, inquiet et classe et  élégant toujours…

 Plongeant dans plus de soixante-dix ans d’archives, Lucie Cariès et Yves Jeuland (auteur d'un très beau documentaire sur Yves Montand très prochainement projeté) retracent la carrière d’un comédien multirécompensé : Ours d’argent à la Berlinale en 1968 pour L’homme qui ment d'Alain Robbe-Grillet, Prix d’interprétation à Cannes l’année suivante pour Z de Costa-Gavras ou César du meilleur acteur en 2012 pour Amour de Michael Haneke.

 Au fil d’interviews souvent rares et toujours interessantes  et d’extraits de ses films, pièces et lectures, se dévoile derrière l’acteur, l’homme marqué par les drames qui s’est réfugié dans une quête douce de beauté et les passions solitaires, des courses automobiles au poker en pasant par de l’amour de la poésie qui le tient toujours éveillé et vif.

 Réussir à tirer le fil de 60 ans de carrière cinématographique  et thétrale de Jean-Louis Trintignant, c'est le pari périlleux et complexe de Lucie Cariès et Yves Jeuland qui réussit à montrer toutes les  dimension d’un homme aux multiples passions : le théâtre, la poésie, la mise en scène, la course automobile, les plaisirs de la campagne sans occulter ses grandes tragédies comme la disparition de ses deux filles dont il ne se remettra jamais tout à fait.

Un parcours qui suscite une admiration sans limites parfaitement ressentie à la vision de ce remarquable documentaire présenté hier sur Lyon et bientôt visible sur Arte.  

Des années de jeunesse à celles de la maturité, Trintignant, 90 ans aujourd’hui, se montre malicieux, grave, enjôleur, inquiet et élégant toujours…
Plongeant dans plus de 70 ans d’archives, Lucie Cariès et Yves Jeuland retracent la carrière d’un comédien multirécompensé pic.twitter.com/nzGXYz8Mof

— Baz'art (@blog_bazart) October 11, 2021

Présenté au Festival Lumière le 11 octobre 2021 A voir Sur arte le 31 octobre et sur arte.tv du 24 octobre 2021 au 24 avril 2022.

Un documentaire inédit de Lucie Cariès et Yves Jeuland réalisé par Lucie Cariès Coproduction : ARTE France, Morgane Production (France, 2021, 52min)