Rifkin’s Festival : Woody en pilotage automatique
Tandis que les polémiques sur la vie personnelle de Woody Allen semblent avoir une impact sur son rythme de tournage jadis métronomique et que ses longs métrages semblent désormais bien plus compliqués à financer, s’exhume en salles, un de ses films tourné il y a plus de trois ans et qu'on ne pensait pas voir un jour sur grand écran .
La promenade touristique constitue une modalité désormais bien connue du cinéma dernière période du New-Yorkais Woody Allen, qui, quelques années après Barcelone (avec le si réjouissant Vicky Cristina Barcelona, en 2008), le voit retourner en Espagne, cette fois ci à Saint Sebastien lors d'un festival de cinéma ...
On avait envie de croire que ce voyage en Europe permette à Allen de retrouver le brio de Vicky Cristina Barcelona, ou Minuit à Paris .
Hélas très vite, le spectateur doit déchanter tant ce dernier long métrage en date est un Allen paresseux en mode plus que mineur
On assiste à une accumulation de situations aussi convenues les unes que les autres dans des décors de carte postale, où Allen place çà et là quelques répliques amusantes, mais qui ont été tellement plus percutantes et intelligentes dans ces précédents opus.
S'il y a bien évidemment, comme dans tout film d'Allen, des histoires de couples névrosés, ce nouvel opus permet au réalisateur de rendre hommage à ses cinéastes fétiches, Bergman bien sûr, mais aussi Godard et Truffaut. puisqu'on voit le héros, Mort ( joué par un Wallace Shwan, pale clone de Woody himself) plonger dans ses pensées, où il se représente en héros rejouant certains chefs-d’œuvre de la modernité européenne comme Huit et demi Jules et Jim ou Le Septième Sceau (1957).
Ces séquences se présentent comme autant de pastiches pour cinéphiles allergiques aux blockbusters mais s'avèrent finalement bien plus génantes que drôles ou touchantes.
On ne peut s'empecher de penser à La Rose Pourpre du Caire, dans lequel l’acteur sortait de l’écran mais tout se faisait avec plus de grâce et d'inventivité que ces scénettes réalisées sans envergure et en pilotage automatique, comme tout le reste du film ( le casting notamment fait le minimum syndical, notamment Louis Garrel, qu'on verra heureusement en milleure posture prochainement dans L'innocent son propre long métrage ou dans les Amandiers de Valéria Bruni Tedeschi) ..
On espère que Woody réussira à trouver les fonds pour tourner ce film à Paris qu'il affirme comme étant son tout dernier, car les fans de la première heure du cinéaste n'aimeraient pas que ce Rifkin’s Festival, douloureusement amer, soit son chant du cygne.
Rifkin’s Festival
Film américain, espagnol et italien de Woody Allen. Avec Wallace Shawn, Gina Gershon, Louis Garrel, Elena Anaya (1 h 32).