Le jeu de mot est certes un peu facile quand on a vu le film mais on peut dire que décidemment, la palme d'or prend sévérement l'eau.
Mais alors que dire alors du dernier film de Ruben Östlund qui vient de recevoir pour la deuxième fois la consécration cannoise.
Prenons le film à contre pied et faisons court. "Sans filtre" est un trèèès long métrage de deux heures vingt avec, si l'on est bien veillant, une heure de trop.
D'aucuns plus méchants pourraient écrire : deux heures dix de trop, car après un prologue prometteur d'une dizaine de minutes environ, à savoir un casting de cover boys drôle et triste à la fois, le film s'enlise très dangereusement.

Plus rien ne fonctionne, chaque situation s'étire jusqu'au malaise et le spectateur devient le monteur atterré du film, notant les minutes de trop pour chaque scène qu'il a devant les yeux.
Le cinéphile éclairé comprend très vite où le réalisateur l'emmène.
Mais la frontière est ténue entre moraliste et moralisateur, et cette fable, critique de la politique libérale est tellement lourde qu elle en devient contre productive.
Dans une croisière de luxe les très riches pètent dans la soie, vomissent dans leur sac Hermès et défèque dans des cabines en bois précieux en méprisant le petit personnel qui se vengera dès qu'il le pourra.
L'exercice pourrait être réjouissant, on se souvient des formidables scénarii d'Age et Scarpelli pour Scola ou Monicelli dans les années soixante-dix.
Mais filmer des humains aussi bêtes que méchants demande de la finesse, de la concision et un brin d'humanisme, c est exactement ce qui fait totalement défaut au film de Ruben Östlund
De même si "The Square" patinait déjà pas mal dans la semoule, il restait intéressant par quelques fulgurances et piques bien senties.
Là, c'est vraiment la catastrophe et on se dit que si "Sans filtre" prend tellement l'eau, Ruben Östlund et son ironie sans limite n'ont t-il pas voulu réaliser en fin de compte un film naufrage, un film dans le film ???