Critique Cinéma : «Sur l’Adamant » : un documentaire puissant sur la psychiatrie
On se souvient du grand succès pour un documentaire de son film Être et avoir (César 2002).
Avec" Sur l'Adamant", son dernier film en date le réalisateur Nicolas Philibert s'est rendu dans un centre de jour soignant des patients atteints de troubles psychiques, situé sur une péniche à Paris.
Ce très grand maitre du long métrage documentaire français, du même niveau qu'un Raymond Depardon ou un Sébastien Lifshitz s’intéresse depuis trois décennies à la psychiatrie, avait déjà, en 1995, posé sa caméra dans une clinique, pour « La Moindre des choses », sorti en 1996.
Une fois de plus, Nicolas Philibert excelle à restituer toute l'humanité de personnes fragiles.
Les premières images et les premiers sons de cette immersion dans un lieu unique au monde bousculent le spectateur : pas de voyeurisme, mais des malades qui s'expriment avec sincérité, simplicité, et en toute confiance, et parfois même une vraie poésie.
Les connaissances et dons artistiques de certains des protagonistes qui sont capturés par la caméra sensible et délicate de Nicolas Philibert remettent en cause l'idée que nous avons trop souvent de la folie.
Impossible dès lors de rester indifférents aux mots dits, aux dessins parfois bizarres, tout simples, ou quelque peu tourmentés.
Ce film de Nicolas Philibert, qui se refuse pour autant de marteler un message sur les dysfonctionnements du système sanitaire français, est un vibrant hommage à tous les habitués de ces lieux, ces personnes authentiques et lumineuses laissant deviner une part d'ombre poignante et follement humaine.
Et pour avoir échangé avec lui lors de la présentation de son film la semaine passée sur Lyon, on peut vous dire que Nicolas Philibert, grand cinéaste, est aussi un grand monsieur tant il n'aura pas été avare de son temps et de ses explications.
Sur l'Adamant, en salle depuis le 19 avril 2023 , a été récompensé de l'Ours d'or à la Berlinale