Mais comment encore parler des " Herbes sèches ", en salles depuis mercredi dernier, tant la presse est unanimement dithyrambique et semble avoir déjà tout dit ?
Le film de Nuri Bilge Ceylan est accompagné, depuis sa présentation à Cannes, d'une solide réputation de chef-d'oeuvre.
Une année scolaire dans le collège d'une toute petite ville perdue en Anatolie. Une région où n'existe que deux saisons, l'hiver glacial et enneigé et l'été brûlant.
Encore une année de frustration pour Samet, le jeune professeur d'arts plastiques qui attend depuis quatre sa mutation pour Istambul, la grande ville très loin de ce pays de ploucs. Une année encore à vivre les mesquineries quotidiennes et les petites trahisons de ses collègues de travail et de ses élèves qu'il ne comprend pas toujours.
L'année d'une rencontre aussi, Nuray, une professeur d'anglais du lycée de la ville voisine.
Une jeune femme engagée, très attachée à ce coin reculé de Turquie.
Une histoire d'amour naissante, qui sait ? Mais il faudrait que Samet se résigne à rester dans cette région aux traditions archaïques encore vives.
Une année pour que tout change ou que rien ne change.
Disons le tout net et sans plus attendre, les trois heures vingt des " Herbes sèches " passent crème.
Pas de gras, pas de superflu dans ce portrait philosophique, politique et social de la Turquie d'aujourd'hui, le réalisateur réussi à rendre universels les questionnements de Samet et de Nuray dans un paysage de rêve ou de cauchemar, ( je déteste la neige) .
Bref, la photographie à tomber d'une contrée formidablement photogénique (ça tombe bien ), des personnages parfaitement dessinés, des dialogues travaillés qui sonnent justes et une mise en scène d'une intelligence et d'un naturel rare.
Bref, un film beau et intelligent qui rend les spectateurs beaux et intelligents, courrez-y.
Si en plus je vous confie que l'ombre de Truffaut plane sur cette version de "Jules et Jim" en Anatolie, vous n'aurez plus d'excuse.