{CRITIQUE] A MAN - vivre sous un masque
Rie, jeune femme discrète élève seule son fils Yuto. Lorsqu’elle rencontre dans sa librairie le mystérieux Daisuke, bûcheron discret et taciturne, son bonheur renaît. Après quelques années de vie conjugale paisible, Daisuke trouve la mort dans un tragique accident.
C’est alors que l’existence de Rie bascule. Non seulement elle perd un mari pour la deuxième fois, mais surtout, elle apprend avec stupéfaction que Daisuke n’est pas celui qu’il prétendait être. Avec qui a-t-elle réellement partagé sa vie ? Où s’est réfugié le véritable Daisuke, recherché par ses parents ? Afin de faire le deuil d’un époux anonyme, appelé « monsieur x », Rie engage son avocat, Kido, pour découvrir la vérité.
Avec A Man Kei Ishikawa ausculte, sous la forme du thriller, les conséquences des conventions aliénantes de la société japonaise sur les individus. Miroir d’une société confrontée à son identité et à ses valeurs, A man explore, sous la forme d’un thriller d’investigation, l’acceptation de nos origines et la transmission entre générations.
Le film s’ouvre et se termine par un plan de la peinture surréaliste classique de René Magritte, Ne pas reproduire, qui représente un homme debout devant un miroir, mais avec un reflet qui le montre de dos, plutôt que son visage.
Kei Ishikawa inscrit dans cet élan son film en creux, dans une société japonaise troublée, dont les idéaux passés traditionnels se heurtent aux enjeux actuels, notamment l’immigration.
Dans ce contexte, il n’est pas toujours facile de trouver sa voie, sa place, d’autant plus lorsque pèse sur les nouvelles générations le poids d’un héritage familial, d’un nom, dont il est impossible de se séparer.
Avec un sens aiguisé du détail et de l'observation, A Man se présente comme une quête d’identité, celle d’un disparu mais encore plus celle des vivants qui le recherchent et se cherchent à travers cette enquête labyrinthique. Le cinéaste japonais brosse une société des apparences, où chacun évolue caché comme dans un bal masqué et révèle combien il est complexe aujourd’hui de s’intégrer à une société, axée sur la tradition, le passé, et sévère envers les individus exclus.
Grâce à son intrigue solide, son contexte social et sa mise en scène mélangeant habilement jeux d’ombre et de reflets, A man nous plonge dans une enquête palpitante tout en nous interrogeant sur notre propre identité, comme si le film devenait notre propre miroir
En cela a man se rapproche d'un autre grand film japonais récent Love Life du réalisateur Koji Fukada.
En salles le 31 janvier 2024- distribué par Art House films