Médecin-enseignant, même combat?
Il était dès lors assez évident pour lui de mettre en lumière l'univers des professeurs de collège que l'on n’entend pas souvent à travers son nouveau long métrage, " Un métier sérieux" , en salles le 13 septembre prochain et que l'on a pu découvrir vendredi dernier lors de la présentation du film sur Lyon.
Avec ce 5e long métrage, Thomas Lilti a souhaité montrer de l'intérieur un autre métier d'engagement . En enseignant comme en soignant, on se rend compte combien il s'avère difficile de concilier vie professionnelle et vie intime.
"Un métier sérieux" s'avère être pour le cinéaste autant un renouvellement (dans le sens où il sort du décorum médical) qu'une continuité, que l'on peut retrouver autant par le casting comprenant certains comédiens fidèles du réalisateur, ou bien dans la façon de reprendre certaines thématiques et également certains schémas d'écriture et de mise en scène et les transposer dans le monde de l'éducation.
Plus encore que dans ses films sur la médecine, parfois assez critique envers l'institution, "Un métier sérieux" est très axé sur la passion du métier et montre qu'il existe une parfaite harmonie entre les professeurs et une vraie solidarité qui existe entre les professeurs.
Le film qui donne envie d'être prof
On voit ainsi que, tout comme celui de médecin, le métier d'enseignant est difficile alors il est essentiel de se soutenir les uns les autres et de vivre collectivement, partager les difficultés.
L’entraide, le collectif, la bienveillance sont ainsi érigés comme valeurs cardinales d'un film, où l'on retrouve mine de rien les obsessions récurrentes du cinéaste (l’énergie de la jeunesse, les questionnements sur son rôle à jouer dans la société, la difficulté de rendre fier un père qui, est forcément chez Lilti, critique et condescendant sur sa progéniture)
Un métier sérieux s'attelle ainsi à afficher une évidente solidarité comme béquille pour mieux vivre son métier, souvent choisi par passion.
Nombreux sont les films sur l'enseignement, mais peu sont résolument du côté des enseignants et surtout très peu donne envie de sortir de la salle en se disant que malgré les difficultés du quotidien, professeur est quand même un métier grratifiant, dans lequel la transmission et le don de soi sont des piliers essentiels.
Les films de Lilti, en disséquant le monde d’aujourd’hui avec réalisme, possèdent une indéniable dimension sociale, mais ne sont pas militants pour autant.
De même, ils ne répondent pas, aux stéréotypes et aux codes attendus de la comédie sociale, tout en amenant ses personnages vers un peu de lumière.
UN MÉTIER SÉRIEUX assume sa dimension « chronique d'un collectif » et par rapport à "Première année" ou à "Médecin de campagne", on sent que Lilti sait désormais facilement fluidifier ses récits pour construire une oeuvre kaléidoscopique à plusieurs personnages dans lequel chacun a une belle part à défendre- on imagine sans peine que l'écriture de la série Hippocrate lui a été bénéfique à ce niveau la.
Un cinéma qui fait du bien
Encore plus que dans ses autres longs métrages, ce sont les personnages qui constituent le moteur de l'intrigue d'un Métier sérieux, et cela amène à l'écran des séquences particulièrement savoureuses dans laquelle la complicité entre François Cluzet, Vincent Lacoste, Louise Bourgoin ou William Lebghil, des habitués du réalisateur, ou encore la nouvelle venue Adèle Exarchopoulos, fait vraiment plaisir à voir.
Si, comme on l'entend un peu partout autour de nous, la société va de plus en plus mal, on peut toujours compter sur le cinéma de Thomas Lilti pour prendre soin de nous.
Encore plus que ses précédents films, Un métier sérieux fait un bien fou, et on remercier le Dr Lilti pour la prescription !