LA BÊTE | Critique (mitigée) du nouveau film de Bertrand Bonello
" La bête dans la jungle " d'Henry James raconte l'histoire d'un homme qui refuse de s'engager dans une histoire d'amour, certain qu'une chose terrible va lui arriver prochainement.
Evidemment rien ne lui arrivera, et la chose terrible sera, qu'il est passé à coté de son histoire d'amour et de sa vie.
Une bien belle trame d'un bien beau scénario qui peut-être décliné à l'infini, "Boy meets girls et la peur d'aimer", base classique a priori d'une bonne histoire.
Dans la version librement adaptée par Bonello, on est en 2044, et il faut se désafectiver pour pouvoir accepter et être accepté par le monde tel qu'il est devenu.
Il faut donc toujours trois choses pour faire un film : une bonne histoire, une bonne histoire et une bonne histoire, même si une mis en scène originale, un son de qualité et de belles images aident pas mal aussi.
Bertrand Bonello est un très bon metteur en scène, un de ceux qui possède une vraie science du son parfait et de l'image formidablement composée. Il avait, avec cette adaptation dystopique de la nouvelle d'Henry James, une formidable histoire.
Mais alors d'où vient cette impression de grand film malade (expression chère à François Truffaut) à la vision de " la Bête " ?
Compliquer à l'envi une histoire simple est plus simple que de simplifier une histoire compliquée. Et d'une époque à l'autre, le spectateur un peu perdu, admire la beauté des acteurs dans de beaux décors et certaines situations surprenantes.
Léa Seydoux et George McKay, impressionnants de professionnalisme et d'implication sont formidablement mis en valeur, mais malheureusement, sur la longueur, le film devient ni plus ni moins qu'un exercice de style, qui, aussi brillant soit-il, tourne un peu à vide.
Cc'est dommage car jamais Léa Seydoux n'a été aussi bien mise en valeur, McKay qu'on connait moins et qui a remplacé au pied levé le regretté Gaspard Ulliel, aussi, c'est du reste presque un catalogue de leur qualités d'acteurs..
Le choix des décors est tout autant formidable, la mise en scène comme l'image est hyper travaillée mais bon dieu que c'est compliqué inutilement et trop long.
On a eu l'impression, en sortant de la projection lundi soir que le public n'a pas été très réceptif à la proposition assez radicale de Bonello, on a même entendu certains jeunes qui ricanaient quelque peu, alors que l'idée du scénario est plutôt bonne.
Mais que veut dire le film en fait quand on essaie de se pencher sur le sens ? En 2044 l'AI nous dit que La bête qui t'empêche d'avancer serait les sentiments que l'on a les uns envers les autres....un truc dans ce genre, mais c'est vraiment confus....
Bref il manque un producteur qui dise "Bertrand," c'est trop long., trop prétentieux.. trop compliqué., va à l'essentiel, à l'épure, coco "..
Dommage, vraiment dommage parce qu'à Baz'art on aime plutôt bien Bonello.
Film vu dans le cadre des avant premières du cinéma Lumière Terreaux à Lyon