Un bien décevant voyage en Cornouailles
Ce film, Cornouailles, je l'avais placé tout en haut de ma sélection de sa semaine de sortie, le 15 aout dernier, et je ne pensais vraiment pas qu'il allait finir dans ma rubrique assassine du samedi.
Il faut dire que Cornouailles comportait, à mes yeux, au moins 3 garanties indéniables quant à son potentiel qualitatif ( euh, ca se dit, ca? :o):
1. sa réalisatrice, Anne le Ny, dont j'avais vraiment adoré ses deux précédents films ( Les invités de son père,et surtout ceux qui restent, mon film préféré de 2007);
2 son casting, en haut duquel siége Vanessa Paradis, qui joue dans deux films de 2012 que j'avais énormément apprécié (Café de Flore et quand je serais petit)
3.la Bretagne, région de France que j'affectionne tout particulièrement, et que j'avais visité....2 fois au cours des 3 dernières années....
Bref, beaucoup de deux, et porté par l'adage "jamais deux sans trois,je suis parti confiant à l'assault de Cornouaille;
Et pourtant, les esprits (sans doute ceux qui peuplent le film) étaient contre moi : le premier soir où j'ai voulu voir ce film, à cause d'une panne de courant la salle a été plongée dans le noir pendant un temps infini, et j'ai du retourner le lendemain revoir le film tant j'y tenais....
Et assez vite, j'ai un peu regretté d'avoir tant insisté à voir cette oeuvre, tant le film n'a pas tenu ses promesses.
Des atouts que je vantais en préambule, en fait, seule la dernière d'entre elle, la Bretagne tient son rang : toujours aussi belle que dans mes esprits ( je connais bien la ville d'Audierne, où se déroule plusieurs scènes du film la réalisatrice, loin de Bowling nous la montre loin des clichés traditionnels, et un peu angoissante avec ses légendes morbides et ses croix funéraires magnifiée hors des sentiers battus
Etant enfant, la réalisatrice a passé ses plus belles vacances ici et revendique “une très longue intimité” avec cette région, et on peut n'être que touché par le lien qui l'unit à cette terre. Pour instaurer une ambiance un peu étrange, parfois bucolique ou mélancolique, la volonté de la réalisatrice était de plonger dans les légendes celtes et met en valeur ses paysages à la fois attrayants et sauvages de cette région, où il semble que tout peut arriver, y compris l'incroyable.
Ce qui est vraiment dommage, c'est que cette athmosphère celtique proche du fantasmagorique ne transparait pas plus à l'écran : Anne le Ny filme hélas trop platement sa chère Bretagne, et son projet, aussi prometteur soit il sur le papier, ne passe pas le cap de l'écran, excepté en deux ou trois rares scènes.
Un des plus gros problèmes du film réside dans ses dialogues, souvent trop écrits, et qui prêtent plus à sourire qu'à la réflexion à rire : exemple :"Tu n'es pas triste parce que tu as perdu ton amour, tu es triste parce que tu n'arrives pas à aimer..." "il faut savoir vivre avec nos morts si on veut vivre avec les vivants", ce genre de dialogue, aussi vrais soient ils sur le fond, ne peuvent pas se dire ainsi dans la vie, même dit par des fantomes. Sans compter que les acteurs qui jouent ces fantomes sont très mal dirigés, notamment le père de Vanessa Paradis, assez catastrophique.
L’interprétation est d'ailleurs en régle générale le second gros inconvénient du film, finissant de le plomber,
Vanessa Paradis notamment, semble réciter son texte et ne réussir jamais à vraiment habiter son personnage (alors que pour le coup, elle ne joue pas de fantome). Même Jonathan Zaccai, si juste ailleurs, ne semble pas croire à son personnage un peu cliché de mari infidèle indécis. Il est vraiment étrange qu'Anne Le Ny qui avait su diriger à merveille Vincent Lindon ou Karin Viard dans ses films précédents, ait autant échoué à ce niveau là.
Bref, Cornouailles est un film qui m'a paru décousu, peu matrisé et plombé par des dialogues trop sentencieux, et joués par des acteurs mal dirigés ou qui ont peu à jouer. Dans la salle, les spectacteurs sont partis avant la fin et d'autres semblaient somnoler. Dommage pour l'originalité du projet.
Cela dit, heureusement tout le monde ne partage pas mon avis, et vous pouvez jeter un oeil sur la belle chronique enthousiaste d'une vraie bretonne, Jeanette, mon ancienne swappée, à coté de qui je passe un peu pour un sans coeur.