frankeenwenieVous avez aimé ma chronique d'hier sur le livre d'entretiens autour de Burton? Ouf, car sachez que je n'en ai pas encore totalement fini avec lui, et même si je n'ai pas eu la chance de le rencontrer comme j'ai pu faire avec Ken Loach (mais pourquoi ne pas envisager un Tim Burton prix Lumière 2013?, allez savoir), je vous livre le même procédé, à savoir plusieurs billets dans la même semaine consacré à un seul et unique cinéaste.

Comme je vous le disais hier, j'ai eu l'occasion de voir Frankeenweenie en avant première, et, ce, avant même de lire son ouvrage d'entretiens avec Mark Salisbury. Et vous savez quoi? Je pense, un peu malgré moi, avoir révalué mon opinion du film une fois que j'ai lu cette série d'entretiens. Il faut dire que l'ouvrage en question revient longuement sur Frankeenweenie, non pas le long métrage sorti cette année ( la dernière édition du livre date de 2009), mais le  bien court métrage que Burton avait réalisé chez Disney en 1984.

Comme je l'ai appris dans le bouquin,  à la base, ce court métrage est en fait le second que Burton réalisa chez Disney, après son premier intitulé Vincent ( un hommage à Vincent Price, l'idole de sa jeunesse) et il ne vit jamais le jour dans les salles à cause de son caractère jugé trop violent.

En effet, la commision de classification recommanda un accord parental pour Frankeenweenie, alors même que le film devait précéder une réedition de Pinocchio. Disney pris peur et le retira du circuit commercial, ce qui scella la fin entre Burton et le studio Disney .

Le film laissa donc un goût amer à Burton, qui 30 ans après cet échec, sauta sur l'occasion qui lui était donnée par Disney pour revenir dessus en développant l'idée de départ et en remplacant les prises de vue réelles en film d'animation, avec la technique du stop motion ( image par image).

Le livre de Mark Salisbury m'a fait changer d'angle de vue sur le film: si j'avais tendance à penser avant de le lire que revenir sur un court métrage trahissait une panne d'inspiration chez le créateur Burton, j'ai compris, en voyant dans l'ouvrage à quel point cette expérience malencontreuse l'avait heurté, que Burton est un vrai perfectionniste qui tenait absolument à boucler la boucle et prolonger ce qui n'avait semblé à ces yeux qu'une ébauche, vu qu'il n'avait pas les coudées franches.

 

Et plus que jamais, cette version long métrage de Frankeeweenie synthétise l'oeuvre de Burton et continue sa pulsion catharsistite, celle qui purge ses frustrations, peurs, ses rêves, tant on voit au travers du jeune héros ( Victor Frankenstein), le filigrane de l'enfance du petit Tim Burton.

Dans cette optique là, il est évident que ce Frankenweenie version 2012  fasse l'étalage d'indéniables qualités cinématographiques : l'animation est magnifique, la photographie somptueuse, le doublage (composé notamment de Catherine O'Hara, Martin Landau et Winona Ryder des fidèles de Burton qui en parle dans son livre) s'avère une réussite totale, sans oublier,  comme je le disais dans le préambule de mon article d'hier, que l'univers si singulier du cinéaste  est reconnaissable entre tous dès les premiers plans du film. 

De plus, difficile d'être insensible, une fois que j'ai lu ce livre, aux nombreux clins d'œil à tous les classiques du cinéma d'horreur que Tim Burton aime tant, même si n'étant pas un fin connaisseur de ce cinéma là, la grande majorité me sont passés à côté.

Bref Frankeenwwenie est une belle réussite tant elle trouve un bel équilibre entre hommage et œuvre personnelle, mais cela étant dit, il ne m'a pas semblé être non plus le chef d'oeuvre ultime que les fans de Burton ont eu tendance à considérer, bien avant que le film ne sorte, et cela pour plusieurs raisons.

En fait, le principe du court métrage qu'on rallonge est souvent périlleux ( Yvan Attal, dans un genre totalement différent rencontrait un peu le même problème avec Ma femme est une actrice), car on a souvent du mal à trouver de quoi rallonger l'intrigue sans que cela ne soit artificiel, et ici le scééario du film s'éssoufle quand même  à mi parcours  et l'on  a tendance à s'ennuyer alors gentiment. Le film manque en fait d'un peu de l'originalité et l'explosion créatrice de ses 2 précédents films d'animation, et notamment L'étrange Noel de Monsieur Jack, son véritable chef d'oeuvre.

En fait, Frankenweenie se contente de mettre seulement un doigt de fantaisie dans cette petite ville de la province  américaine sans âme, sans jamais avoir l'ambition d'arriver à une critique féroce de la société américaine, comme d'autres film de Burton pouvaient y prétendre.

Mais le plus décevant reste la fin du film, extremement consensuelle, et qui surtout empêche le film d'aller plus loin que la belle fable pour enfants qu'il aurait pu dépasser.

Bref, même si j'ai revu mon opinion à la hausse grace à mon immersion écrite dans l'oeuvre de Burton, ce Frankeeweenie ne m'a pas autant emballé que j'aurais voulu l'être. Il faudra peut être alors que je lise un-hypothétique- second tome des mémoires de Burton pour le considérer comme le plus grand film de tous les temps!!!

 Et au lieu de vous mettre la bande annonce du film que je vous ai déjà mise une fois, pourquoi ne pas jeter un oeil sur le court métrage d'origine?