Baz'art  : Des films, des livres...
7 novembre 2016

Moi DANIEL BLAKE, une palme d'Or 2016 indispensable et incontournable!!

 Si l'an dernier, la palme d'or remise à Jacques Audiard pour son Dheepan avait été contestée, non seulement lors de la remise du palmarès, mais également lors de la sortie du film en salles en aout 2015, le cheminement est assez différent pour celle de cette année.

En effet, la  deuxième Palme d'or de Ken Loach pour son "Moi Daniel Blake" semble avoir plus fait l'unanimité lors de sa sortie en salles qu'au mois de mai dernier, où certains- surtout la presse un peu rive gauche-  faisaient la fine bouche devant ce réquisitoire implacable et bouleversant de notre société actuelle.

A Baz'art en tout cas, les trois rédacteurs ciné- Michel, Pablo et moi même- avons unaniment adoré ce Loach cuvée 2016,  et comme personnellement j'ai déjà beaucoup parlé du cinéma loachien sur ce site- et notamment à l'occasion de mon itw en 2012 suite à son prix Lumière- j'ai laissé bien volontiers la place pour ce coup ci.

Une place laissée au plus jeune d'entre nous, qui connait un peu moins la filmographie conséquente du cinéaste anglais,  pour prendre la parole et dire tout le bien qu'il pense de ce "moi Daniel Blake "et qui fait sortir pas mal de mouchoirs dans toutes les salles de cinéma actuelles.

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Souvenez-vous: le 22 mai dernier, Ken Loach remportait la palme d'or du jury du festival de Cannes, présidé par un certain George Miller. "An other world, it's possible, and necessary" ("Un autre monde, c'est possible, et c'est nécessaire"), avait-il déclaré. Ce ne fut pas une simple phrase, ni une déclaration banale, mais une véritable rebellion.

Car, à 80 ans, le vétéran Loach n'a pas perdu, ni oublié, sa foi. Pas encore. Il caractérise sa rage intérieur en des expositions artistiques et sociales de renom et rarement égalées. Après Le vent se lève, My name is Joe ou encore Land and freedom, il poursuit son oeuvre intensémént humaniste avec ce puissant  I, Daniel Blake.

 Pour son 41e film (rien que ça!), il met en scène un menuisier anglais de 59 ans, qui est contraint à faire appel à l'aide sociale, à la suite de problème cardiaques.

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Mais, bien que son medecin, son kiné et son cardiologue lui ont interdit de travailler, Daniel se voit signifier l'obligation d'une recherche d'emploi (qu'il ne pourra pas exercer!) sous peine de sanction. Cette absurdité déconcertante est la puissante marque de fabrique de Loach, dans la continuité de sa critique sèche et altruiste de néo-libéralisme en Angleterre.

Enfin, plutôt "son" Angleterre, celle qu'il connait par coeur: ces lieux désespérement atroces et sombres, tout d'abord, Newcastle, sa banlieue déserte, et aussi ces êtres (tellement) humains, cette "classe ouvrière" tant décriée, ces travailleurs de l'ombre qui deviennent, malgré eux, forts attachants.

Et Daniel Blake, qui est- il, si ce n'est Ken Loach lui-même, incarné magnifiquement par le désopilant Dave Johns, qui prône l'humour et l'auto-dérision face au "job center", esclave oprimé par la société ultra-conservatrice et ultra-connectée (rapport aux nouvelles technologiques à la fois loufoque et rageant!),  à la fois archétype et porte-parole parfait de ces hommes et femmes inexistants, à travers les médias.

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Ces oubliés existentiels sont remis à leurs plus justes places, celles des angoisses quotidiennes, des batailles interminables, des espoirs vains. Loach justifie cette simplicité narrative par une mise en scène épurée et sans fioriture: il singularise ces protagonistes, en les traitant comme des impitoyables citoyens, plutôt de les caractériser comme un "groupe social ignoble, ne faisant aucun effort", ce sentiment réfractaire allant, hélas, avec l'air du temps.

 Que dire, enfin, de cette femme, d'une trentaine d'années, qui arrive de Londres avec ces 2 enfants, appauvrie, et qui craque complétement à la banque alimentaire? Cette scène forte et choc nous plonge dans un émoi singulier, et nous montre que cette situation précaire amène la faim, la vraie, terrible, inimaginable.

Cette séquence qui prend la forme d'une bombe ravageuse, nous emporte et nous transporte, à son rythme, vers une seconde partie ultra-réaliste, restant sur un fil sans pour autant tomber dans le pathos.

 Et ce film, malheureusement un peu manichéen par endroits, mais emmené et assuré par un duo d'acteurs remarquable (Dave Johns et Hayley Squires), est un bijou universel contre la déshumanisation, et se classe comme un rendez-vous incontournable de cette fin d'année. 

 

 Pablo C

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Commentaires
T
J'ai toujours aimé le cinéma de Loach et cette Palme d'or est pour moi bien méritée. C'est si poignant, réaliste, juste, mais c'est pas misérable ou trash, il y a tellement de dignité dans ce film. Le cinéma de Loach a toujours été manichéen mais j'ai toujours trouvé qu'il transformait ce point en atout.
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