Les semaines d'avant le Festival de Cannes sont toujours un peu tristes au niveau des sorties cinéma, avec quand même pas mal de sorties techniques et autres productions pas mal mais oubliables..
C'est donc l'occasion cette semaine , et surement la prochaine, de revenir sur des films sortis au cours du premier semestre en salles et dont je n'ai pas encore eu le temps et l'opportunité de parler...
Commençons cette semaine - courte puisqu'elle commence vraiment demain, un mardi comme la semaine dernière- avec Cessez le feu, d'Emmanuel Courcol, un film important du cinéma français de par son casting et son sujet mais qui n'a pas totalement tenu ses promesses...
Alors que le film est sorti en salles le 19 avril dernier, j'avais eu la chance de voir ce Cessez-le-feu plusieurs mois auparavant, lors de la convention du Distributeur le Pacte.
Ce premier long-métrage de Emmanuel Courcol, jusque là surtout connu en tant que scénariste attitré du réalisateur Philippe Lioret (" notamment Welcome", "L’Équipier", ") traite d'une période particulièrement de l'histoire de France, la Première Guerre mondiale, ou plutot l'après première guerre mondiale .
Le film d’Emmanuel Courcol a l’originalité de s’attaquer à l’après-guerre, et bénéficie d’une belle écriture, des mains d’Emmanuel Courcol lui-même, en se centrant sur le traumatisme et la reconstruction d'après guerre et nous montre comment des hommes et des femmes brisés par la guerre, survivent, se reconstruisent.
Beau sujet que celle de la souffrance morale des individus qui ont chacun été emmurés par cette guerre atroce, des individus, dont certains choisissent le fuite, comme Georges - avec un très bon Romain Duris- qui décide de fuir son pays pour s’isoler en Afrique que Courcol aborde avec la délicatesse et la pudeur nécessaire .
Dommage que le traitement du film ne soit pas aussi fort que ce sujet : passé la première scène particulièrement percutante en ouverture qui montre Georges en pleine tranchée, le film s'enlise un peu dans une réalisation trop scolaire, trop "téléfilm de france Télévisions", loin de la radicalité et de la puissance d'un François Dupeyron qui avait magnifiquement mis en scène cette même thématique dans la chambre des officiers, autrement plus bouleversant et plus fort.
Cessez le feu souffre en effet de quelques maladresses d'écriture , notamment sur la partie africaine mal exploitée, qui n'apporte grand chose au récit, ou sur certains trous dans le scénario, avec des éllipses parfois trop brutales et des scènes - le pique nique sur l'herbe après la ballade en voiture décapotable- un peu trop convenues.
Bref, une oeuvre élégante qu'on regarde avec intérêt mais sans passion.. De la "qualité France", comme on a tendance à qualifier ce genre de productions francaises de bon niveau mais sans étincelles et parti pris digne de ce nom.
Dommage pour pour l'interprétation formidable des comédiens principaux tels que Romain Duris,Céline Sallette et Julie-Marie Parmentier... sans oublier le génial Grégory Gadebois, toujours très bon même lorsqu'il est comme ici complètement muet.
Sur un sujet proche, gageons que l'adaptation d'"Au revoir là haut", le prix Goncourt de Pierre Lemaître par Albert Dupontel prévu pour octobre 2017, sait nous réserver plus de surprise. que ce film qui en manque un peu...