Babelio masse critique Mauvais genres : Exécutions à Victory ; S. Craig Zahler : une série B clairement assumée
" Achevé, l’homme d’affaires se leva du canapé, franchit la porte, traversa la salle principale. Il n’était plus qu’un célibataire de quarante-sept ans qui avait perdu sa famille, son argent et sa dignité non pas à cause d’une jeune et belle prostituée, mais à cause de ses propres faiblesses, de son ingratitude, de sa lubricité et de son incroyable capacité à se raconter des histoires.
Robert s’imagina debout devant un prêtre, les yeux rivés sur ceux de Traci, en train d’échanger leurs voeux, et en un instant, il sut qu’il était un idiot trompé et ridicule, en rien différent d’une des pièces du jeu d’échecs qu’il avait vu sur le bureau du policier – le chien qui portait une couronne sur sa tête et pensait qu’il était le roi."
Pour la première édition de cette nouvelle opération "Masse critique mauvais genre" qui propose un focus sur la littérature noire et fantastique, on a choisi un polar de 2015, un des trois premiers de la collection néo noir chez Gallmeister qui a fait depuis son petit bonhomme de chemin avec des valeurs sures de la littérature américaines.
Cette belle collection se propose de faire découvrir des œuvres d’auteurs contemporains considérés comme de dignes héritiers des grands auteurs du roman noir américain) vient d’entrer ni plus ni moins que dans la cour des grands.
C'est le cas avec ce roman d'un certain S. Craig Zahler (bien un nom d’auteurs de polars, ca), qui ressort en poche toujours chez Gallmeister.
L’occasion idéale pour savourer ces Exécutions à Victory est une série B clairement assumée.
Exécutions à Victory » plonge ainsi son héros, l'inspecteur Jules Bettinger muté de son Arizona natal, Victory. ville du Missouri semble tout droit sortie d'une lointaine contrée nordique, aux rues bien sordides.
Le coté série B imprègne toutes les pages de ce polar noir 100% pur jus avec sa dose de violence poussée jusqu’à l’extrême un humour noir bien marqué, à l’ironie bien mordante, des dialogues cinglants à la Tarantino et un décor quasi apocalyptique, on pense un peu niveau ambiance au New York 1997 de Carpenter avec ces rues plein de cadavres de pigeons et de dépotoirs à tout va.
L’intrigue, assez prévisible importe moins que l’ambiance et le décor que sait instiller S. Craig Zahler.
Un polar nerveux et un peu « sale » qui plaira forcément aux amateurs du genre.