Même si Michel n'avait pas forcément la même liste des 10 films les plus attendus de 2018 que la mienne, je lui avais dit tellement que j'attendais avec impatience le film Jusqu’à la garde,qui sort aujourd'hui dans toutes les salles, qu'il était ravi de le découvrir en film surprise lors du dernier Cinébrunch du Comoedia ( dont j'étais hélas absent)...
Et ce ”Jusqu’à la garde” a vraiment épaté Michel, comme il l'explique des à présent :
Xavier Legrand avait été remarqué par un éblouissant et irrespirable court-métrage, Avant que de tout perdre, qu'on avait vu à Villeurbanne, il y a quelques années, un court métrage d'une force incroyable qui avait raflé tous les prix, nommé aux Oscars et justement récompensé aux César.
Avec Jusqu’à la garde, son premier long métrage, qui reprend les personnages de cette histoire mais qui décide non pas de prendre la même histoire et de le mettre en formant long, mais plus de la prolonger, avec le même casting- le duo Léa Drucker/ Denis Ménochet, trop rares au cinéma, le cinéaste a fait sensation à la Mostra de Venise, au point de remporter le Lion d’argent du meilleur réalisateur.
Une sensation largement méritée tant "Jusqu'à la garde" constitue un film réussi à tous les niveaux : bien écrit , très bien réalisé et sans le moindre gras, avec une épure et une puissance qui laisse sans voix..
Ce Kramer contre Kramer version 2010 nous plonge pendant 1h30 ( une durée apréciable en ces temps où tous les films dépassent les 2 heures) en apnée, au plus près des visages et des personnages enfermés, pas de musique , de longs plans sans paroles, comme objet cinématographique, c’est redoutable, un vrai film d’horreur car Xavier Legrand distille les informations au compte-goutte et ainsi manipule le spectateur...
Pour un coup d’essai, on peut assurément parler de coup de maître, tant ce récit d’un couple en désagrégation frappe par un scénario qui rompt avec les conventions, mais aussi par une mise en scène fluide et sobre, qui n’est pas sans évoquer l'apreté et l'acuité d'un Kieslowski avec son Décalogue.
C’est très efficace, sans effets spéciaux, sans esbroufe, sans gore et presque sans cris le film vrille les nerfs du spectateur durant 90 mn....du fort bel ouvrage avec des acteurs au jeux minimal qui rajoutent au sentiment d’asphyxie que le spectateur peut parfois ressentir ..
Léa Drucker est formidable, mais Denis Ménochet, dans une composition qui fait penser à celle d'un Jean Yanne, dans les films de Chabrol, qui trouve le meilleur rôle de sa carrière, nous a fait très forte impression, du même niveau que le film dans son ensemble .
Inutile de trop vous en dire : l’idée surtout, c’est d’y aller sans trop lire de chose avant...
Je dirais que la BA est suffisante et très efficace à postériori et idéale pour se laisser prendre par cette oeuvre forte et percutante qui prendra réellement le spectateur aux tripes, avec pourtant une démarche dépouillée et épurée à l'os..
Un grand film dont on devrait reparler aux césars...2019!!!