Les Chatouilles avec Andréa Bescond, Karin Viard, Clovis Cornillac, Pierre Deladonchamps ou encore Gringe, sort demain le 14 novembre 2018 au cinéma.
Un très joli film intense et touchant présenté pour la première fois à Cannes et qui m'a tellement emballé (mon vrai coup de coeur cinéma de l'automne, Michel parlera du sien dans deux jours) :
Et si, contrairement à ce que prétend mon collègue Michel les plus beaux films de Cannes n'étaient pas cette année en compétition officielle mais plutôt dans les sélections parrallèles: Girl, Guy, Sauvage, En liberté et plus encore l'éblouissant "Les Chatouilles" qui aurait pu tout à fait concourir en compétition?
Présenté au dernier festival de cannes dans Un Certain Regard,on a eu la chance de voir ce magnifique film la semaine dernière. à l'institut Lumière en présence d’Andréa Bescond et Éric Metayer les deux "accoucheurs" de la pièce et du film.
"Les chatouilles", c'est un film magnifique, qui aborde le tabou de la pédophilie à travers l'histoire d'Odette, une enfant abusée qui va tenter, adulte, de dépasser ses traumatimes d'enfance.
Un premier film très fort, qui surgit après la vague #MeToo. Pudique et révolté, poignant et drôle, les Chatouilles a bouleversé tout ceux qui l'ont vu lors des nombreuses avant premières du film.
"Les Chatouilles" a d'abord été une pièce à succès créée par Andréa Bescond qui y interprétait tous les personnages dans la pièce, récompensée d'un Molière en 2016.
Histoire d'une résilience, "Les Chatouilles", la pièce et le film, permettent à Andréa Bescond de dévoiler son histoire et les abus sexuels commis par un "ami de la famille" et comment elle a réussi à les combattre par la danse, sa passion de toujours.
Impossible de fermer les yeux sur les violences sexuelles faites aux enfants en voyant ce film qui nous montre sans aucun pathos ni didactisme les effets collatéraux de ce traumatisme, des addictions aux pulsions de morts qu'elles entrainent.
La bonne idée des auteurs de ce fabuleux film est qu'ils intégrent des séquences de danse et d'autres séquences oniriques comme autant de respirations qui évitent l'apnée et l'opression qu'entraine un tel sujet.
Résultat : à la vision du film, c'est une puissante et forte audacieuce mosaïque d'images, de sensations, de sentiments éparpillés qui nous submerge de façon terriblement jubilatoire.
Le film bénéficie d'un casting hors pair, avec Karin Viard et Clovis Cornillac dans le rôle des parents et Pierre Deladonchamps particulièrement courageux d'avoir accepté le rôle de Gibert l'agresseur qui n'est pas en apparence le type malsain et monstrueux qu'on pourrait penser.
Le film montre admirablement bien la palette des maladresses des hommes et des femmes une fois que la bombe explose , soit le déni soit la colère contre ce qu'on a pas vu, sans penser vraiment à la souffrance de la victime.
Et pourtant, et le film le montre admirablement bien : plus encore que le viol d'un corps, la pédophilie s'apparente à celui d'une inscouciance que l'adolescence et l'âge adulte ne réussiront jamais à faire disparaître.
"Les chatouilles" , sans jamais verser dans le larmamoyant ni dans le côté "dossiers de l'écran", arrive à faire passer un message fort et profondément bouleversant.
Foncez voir "les chatouilles" malgré son sujet un peu effrayant car c'est assurément un des films les plus forts de ce mois de novembre et même de cette année cinéma tout court .
Merci à Orange Studio et à Orange Auvergne Rhône Alpes pour l'invitation à cette belle soirée