Festival Premiers Plans/ Le Kiosque, cruelle et touchante plongée dans le monde d'avant
On ne peut que le déplorer quand on passe devant ceux qu'on avait l'habitude de fréquenter et qui sont désormais porte close : la crise de la presse papier a eu raison de quasiment tous les kiosques à journaux .
Ceux ci semble en effet avoir tous disparu ou presque des grands centres-ville et notamment de Paris qui en abritaient il y a encore quelques années à chaque coin de rue .
Le bien nommé "Le Kiosque", premier long-métrage documentaire de la réalisatrice Alexandra Pianelli, artiste plasticienne de formation, nous plonge en immersion dans l’univers très particulier des kiosques de Paris, un métier qui semble totalement voué à disparaitre.
Alexandra, qui est venue donner un coup de main à sa maman en travaillant à ses cotés dans le kiosque situé Place Victor Hugo, au cœur du XVIème arrondissement de la capitale, détenu par sa famille depuis quatre générations, fait de son long métrage une sorte d'hommage au soutien des kiosquiers.
Il faut dire que cette profession a été fortement ébranlée par de nombreuses crises, des difficultés du fournisseur Prestalis, en passant par la Manif Pour Tous et dont la dernière, particulièrement forte, celle du Covid a eu lieu après le tournage du film.
Dans ce modeste mais essentiel documentaire, la réalisatrice, qui filme avec son téléphone portable, et parfois avec une GO Pro, montre l'air de rien, à quel point les kiosques offrent un service de proximité et créer du lien social dans chaque quartier où il est implanté.
Entre l’ouverture dans un Paris matinal qui fait penser à celui de Jacques Dutronc les livraisons qui ponctuent le quotidien, l’arrière caisse et es dessins à l’effigie des plus fidèles clients et cette même clientèle nombreuse et variée qui constitue autant de personnages atypiques où les SDF cotoient les bourgeoises les plus apprétées, la vie de kiosquier est un sacerdose évident et en même temps un métier où le lien social est primordial.
Souvent avec beaucoup d’humour, chaque client du kiosque livre un peu de lui même. Au fil des histoires qui s’entremêlent, ce si petit kiosque- à peine deux pas comme le montre la cinéaste au début du film- devient une fenêtre qui s'ouvre progressivement sur un monde plus grand.
Immigration, droits de la communauté LGBT , misère sociale, crise économique : c’est un pan complet des maux de notre société et un monde qui se meurt qu’Alexandra Pianelli réussit à capturer dans un seul et même élan.
On a comme l'impression que défilent devant nos yeux, le chant du cygne de la presse écrite, avec notamment en toile de fond conflit ouvert entre presse numérique et presse écrite.
Crée avec trois francs six sous, Le Kiosque se révèle un portrait fort attachant de notre société, dans ce qu’elle recèle de cruauté et de solidarité .
Le Kiosque sera le dernier film de la compétition du Festival Premiers Plans qui sera présenté samedi soir , le 30 janvier en compétition officielle au jury
Voir fiche du film sur le site du festival