La vraie famille : un drame déchirant sur une situation complexe et terriblement humaine
« La vraie famille » de Fabien Gorgeart avait fait sensation au Festival du film de Société de Royan, où on l'a découvert, en remportant le Prix du meilleur film .
Le deuxième film de Fabien Gorgeart met en scène une éblouissante Mélanie Thierry en mère de famille d’accueil, contrainte de se séparer de l’enfant qu’elle garde pour le rendre à son père.
Retour sur un des beaux longs métrages de ce début 2022 avant la projection du film en avant première sur Lyon ce mardi 11 janvier .
Les services d'aide sociale à l'enfance (ASE) inspirent de nombreuses fictions ces derniers temps.
De l’adoption avec Pupille, ou le service d'assistante à l'enfance dans le long métrage Placés qui sort en salles le mercredi, tous ou presque ont cherché à réhabiliter l'image de cette institution
Il faut dire - on connait un peu le sujet pour l'avoir cotoyé de près dans une autre vie professionnelle - que L’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) a mauvaise réputation, avec pas mal de reportages télévisuels récents qui insistent sur les dérives et mauvais cotés de ce système qui ne protège pas autant qu'il devrait le faire l'interêt de l'enfant.
Fabien Gorgeart continue sur voie d'un désir de redorer le blason de l'ASE, mais en valorisant plus que les autres films précités, la fibre fictionnelle de son récit.
Surtout, son long métrage met en avant la dimension intime et humaine dans les problématiques associées aux familles d’accueils qui doivent elever des enfants placés.
On se souvient qu'au cinéma, Fabien Gorgeart avait signé en 2016 avec "Diane a les épaules"" - une comédie légère et extrêmement attachante sur un sujet bien dans l'air du temps, la GPA (Gestation Pour Autrui) avec une Clotilde Hesme vraiment formidable dans le rôle titre.
Dans son second long-métrage , il continue à creuser, à sa manière , l’ambiguë question de la maternité et des liens qui unissent une femme à son enfant.
Avec beaucoup de profondeur et de sensibilité, Fabien Gorgeart retranscrit le processus, douloureux mais inévitable, visant dans un même mouvement la séparation d'un jeune gaçon, Simon d’avec sa famille d’accueil et sa difficile et lente construction d’une nouvelle vie possible avec son père.
Comme il nous l'a confié lors de notre rencontre à Royan, le cinéaste s’est inspiré de son propre vécu puisque sa mère a été accueuillante familiale et qu'il a occupé pendant plus de six ans la place d'Adrien dans le film, frère aîné de Simon dans sa famille d’accueil.
Fabien Gorgeart prend le parti pris d’une famille unie nageant dans le bonheur, et d’un père voulant récupérer son enfant compréhensif, et apte à le récupérer.
Une situation complexe qui évite le manichéisme.
Fabien Gorgeart réussit à laisser une belle place à chaque protagoniste dans cette étape de la vie particulièrement déstabilisante.
Chaque acteur concerné par les enjeux du récit fait des choix, avec maladresse mais sincérité, et au milieu d'eux, la souffrance d’un enfant qui subi malgré lui d’être emporté dans ce tourbillon émotionnel incontrôlable
Mélanie Thierry incarne avec énormément de nuances et de cœur à l'ouvrage cette maman partagée entre coeur et raisons et l’ensemble de la distribution, enfants comme adultes, se révèle juste et émouvant.
Comment prendre assez de distance nécessaire pour savoir différencier son propre désir et la fameux intérêt de l’enfant ?
Voilà une des problématiques de ce film très émouvant qui fera à coup sur verser des larmes aux plus insensibles dans un mois au cinéma..
A noter que le film sera présenté en avant première au cinéma le Comoedia de Lyon ce mardi 11 janvier 2021 en présence du réalisateur et de Mélanie Thierry et de Lyes Salem.