Le troisième spectacle de Guillermo Guiz- au titre si long- est un bijou d'humour
Au début de ma carrière, je voulais faire rire pour remplir un vide existentiel, maintenant c’est pour financer mes nouveaux Velux.
La Formidable Ascension sociale temporaire de Guy Verstraeten /
L'un des meilleurs spectacles de stand-up du moment s'appelle La Formidable ascension sociale temporaire de G. Verstraeten. Un titre à rallonge signé Guillermo Guiz, qu'on a pu découvrir au Radiant Bellevue de Caluire et Cuire samedi dernier
A plus de 40 ans, cet ancien footballeur, journaliste et manageur de boîte de nuit bruxelloise prouve, avec son nouveau spectacle qu’il a enfin trouvé sa voie.
Car cet enfant du quartier populaire d’Anderlecht, à Bruxelles, élevé seul dès l’âge de 3 ans par son père, a choisi l’humour pour panser ses blessures, pour dévoiler ses failles avec une autodérision libératrice.
La Formidable Ascension sociale temporaire de Guy Verstraeten permet à cet enfant d'un milieu populaire de livrer au public avec honnêteté une acide réflexion sur sa condition d'artiste nouveau bourgeois. Guillermo Guiz fait preuve d’une autodérision salvatrice pour offrir un spectacle extrêmement drôle, aussi bien pour sa sincérité que pour son verbe.
. Avec sa belle gouaille bruxelloise, sous les punchlines, Guillermo Guiz ne manque pas de sympathie. Il ne cherche jamais à s’ériger en modèle.
Guillermo Guiz a maintenant plus de 40 ans, et lui qui pensait ne pas arriver jusque-là doit faire face à un nouveau constat : la difficile cohabitation entre l’embourgeoisement de Guillermo Guiz et les valeurs de Guy Verstraeten.
N'a-t-il pourtant pas déjà tout raconté dans ses deux précédents solos, lui l'enfant d'un milieu populaire qui s'est ensuite engouffré dans un ascenseur social qui lui a plutôt bien réussi ? D'ailleurs, peut-on encore avoir des valeurs associées à la gauche quand on s'est embourgeoisé sur sa droite ?
Il dresse un bilan sincère et rempli d’auto-dérision sur son nouveau statut et la conscience que sa situation n’est que passagère.
Pour son troisième spectacle, Guillermo Guiz livre une autocritique drolissime et intelligente. Le belge s’interroge sur sa légitimité d’humoriste, sur la place du stand-up dans la société et fait mouche. On est conquis.
Longtemps, il fut Guy Verstraeten. Né en 81 dans une commune pauvre de Bruxelles, d’un père au chômage et dépressif, le « ket » a grandi avec le désir de « casser les phares des voitures de riches », dixit le principal intéressé. Il est devenu Guillermo Guiz lorsqu’il a commencé le stand-up, il y a dix ans.
Il sait aussi bien se remettre en cause que régler quelques compte avec autant d'humour que d'intelligence. Et ceci n'est pas contradictoire.
La Formidable Ascension sociale temporaire de Guy Verstraeten raconte ce conflit intime et les contradictions liées à sa nouvelle place dans l’échelle sociale.Effectivement, c’est à n’y rien comprendre. Car comment expliquer qu’un peintre immense tel Van Gogh ait fini ses jours dans la misère, alors que lui, Guillermo Guiz, Guy Verstraeten de son vrai nom, gagne des fortunes de son vivant avec ses « blagues de merde » ?
Portant un regard acéré sur le monde qui l’entoure et cette société qu’il observe se jeter ainsi dans les bras des humoristes – « pas vraiment un signe d’épanouissement » –, Guillermo Guiz pose là, avec une nonchalance assumée et désarmante, l'un des plus réussis spectacles d'humour de ces dernières années.
La Formidable Ascension sociale temporaire de Guy Verstraeten, par Guillermo Guiz. Samedi 8 juin au Radiant-Bellevue (Caluire-et-Cuire).
De retour à Lyon À la Bourse du travail le mardi 28 janvier 2025