Place de la République : Eloge du souvenir – Le Lucernaire (Paris)
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Le soleil bat son plein, la soirée vient juste de s’ouvrir et nous rentrons dans ce lieu polymorphe qu’est le Lucernaire. A la fois cinéma d’art et d’essai, théâtre, école d’art dramatique et bar, son sol revêtu d’une imitation de la rue parisienne nous conduit dans ses hauteurs, jusqu’à atteindre le Paradis.
Non ce n’est point une métaphore, la petite salle du Lucernaire porte ce nom, porteur de l’imagination sans limites. Le sociétaire de la Comédie Française et co-fondateur de la compagnie des Petits Champs Clément Hervieu-Léger s’y installe pour sa dernière création.
Les rangs continuent de se remplir quand une femme s’approche du banc éclairé. Elle semble hésitante d’installer dans l’espace puis commence à sortir quelles affaires à côté d’elle, tout en nous regardant.
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Sommes-nous avec elles sur cette Place de la République ou nous inclut-t-elle dans ses songes ?
Des songes qui se retrouvent interrompus par le flash d’un polaroïd pointé dans sa direction… Derrière cette lumière, Lui apparaît avec un timide sourire. La conversation s’engage. L’homme conte ses voyages et sa vie où les attaches se content sur les doigts d’une main. De son dernier périple, il retient un nom : Tegento, un Sud-Américain que Lui a hébergé. Le lien tissé semble fort, on ne sait la nature de leur relation mais elle l’a marqué à jamais. Il l’attend d’ailleurs, à cette même place de la République, veillant aux vers de Rimbaud qu’il pourra lui déclamer.
Ce même poète qui réunit les deux personnages sur ce banc ; elle récite les vers qui l’ont habitée jusqu’à maintenant et y cherche le souvenir de son amie la plus chère, sa sœur Anne qui la traînait dans toutes les manifs à République. Son absence lui pèse, tellement que son existence en deviendrait vaine. Pour la jeune femme, elle était son soleil et leur boussole, la statue de Marianne escaladée.
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Derrière cette célébration du souvenir des autres, ces deux inconnus n’osent parler de leurs failles mais s’épancher sur les personnes croisées, côtoyées, aimées en révèle beaucoup plus qu’ils le croient, entre Elle qui retarde son histoire (afin de se faire le plus discrète possible) et Lui qui reste dans un déni de l’attente de son ami. La parenthèse est courte, poétique, nous invitant à suspendre l’espace-temps et à se laisser porter par l’authenticité des mots, notamment grâce à une Juliette Léger qui tire son épingle du jeu par sa sincérité face à un Daniel San Pedro réservé. Une complicité un peu atténuée et déséquilibrée par moments du fait d’une structure du texte construite en majorité sur des monologues pour filer vers le dialogue plus fluide en deuxième partie.
Crédits photo : Juliette Parisot
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Place de la République
Écrit et mis en scène par Clément Hervieu-Léger
Interprété par Juliette Léger et Daniel San Pedro
Du mercredi 15 mai au dimanche 30 juin 2024
Du mercredi au samedi à 19h
Les dimanches à 15h30
Théâtre du Lucernaire – Paris (6e)
Jade SAUVANET