Roman graphique- Shubeik Lubek : ce que nous désirons vraiment
Shubeik Lubek de la dessinatrice, autrice et designer égyptienne de bandes dessinées, Deena Mohamed, était à l'origine un livre en arabe. Il se lit donc de droite à gauche : on commence par la fin, et au sein même d'une page, il faut garder ce sens de lecture, ce qui m'a dérouté au début.
Dans les contes populaires arabes "Shubeik Lubek" signifie "vos désirs sont des ordres". C'est la première phrase prononcée par le génie lorsqu'il sort de sa lampe.
Dans ce roman graphique, Deene Mohamed imagine que les voeux peuvent s'acheter au kiosque à journaux comme une quelconque marchandise et qu'ils font partie du quotidien des gens. Trois voeux vendus dans un kiosque au Caire lient les vies d'Aziza, Nour et Shokry.
Face à la possibilité d'émettre un voeu, chacun devra plonger au plus profond de lui-même pour s'interroger ce qu'il désire vraiment. Chacun verra sa vie bouleversée par l'existence même du voeu.
Entre ce qui t’appartient de droit et toi… se dressent les barreaux en fer d’une autorité élue et un gardien payé avec tes impôts.
Dans cette dystopie, les voeux étant une marchandise comme une autre, ils sont de qualité variable : certains sont médiocres, d'autres de première classe.
Ce que j'ai trouvé intéressant est que l'autrice utilise ce fil conducteur entre les trois parties de son roman graphique pour aborder des thèmes tels que la dépression (particulièrement bien appréhendée à travers les illustrations et les textes), le respect des traditions, les inégalités sociales par exemple.
Alternant couleurs et noir et blanc, Deena Mohamed brosse un portrait de la société égyptienne contemporaine mais nous interroge aussi sur ce que nous désirons vraiment.
Shubeik Lubeik de Deena Mohamed (Steinkis), traduit de l’arabe par Victor Salama, 528 p.