Coup de coeur essai en poche: l'imposture du travail; Maud Simonet
« L’imposture du travail » de Maud Simonet ou comment repenser le travail à partir du travail gratuit et invisible.
Aujourd’hui, la définition du travail est encore construite à partir d’un sujet masculin, et associée à la rémunération, l’emploi, la production.
Et si nous inversions notre regard, comme nous y invite ici Maud Simonet, pour repenser cette notion depuis cet autre travail, majoritairement exercé par les femmes, sur lequel reposent aussi notre société et de notre économie ?
Qu’il soit domestique, associatif, lié au soin, qu’il s’agisse de bénévolat, de stages ou d’engagement citoyen : autant d’activités qui ne sont pas considérées comme du travail mais relèveraient de valeurs- l’amour, la passion, la citoyenneté, l’insertion…
Dès lors, une autre perspective s’ouvre qui oblige à penser conjointement travail rémunéré et travail gratuit, travail visible et travail invisible, en questionnant les frontières du travail et leurs usages. Une perspective qui nous montre que, si tout n’est pas forcément travail, tout, ou presque, peut être approprié comme tel par le capitalisme.
Avec ce court essai théorique très stimulant, Maud Simonet entend questionner notre conception du travail pour critiquer son exploitation et sa récupération dans une société capitaliste patriarcale. L'autrice convoque les autrices qui elles-mêmes les ont imposées dans les espaces publics, scientifiques et militant·es : Tithi Bhattacharya, Silvia Federici, Leopoldina Fortunati, Nancy Fraser, bell hooks, Fatima Ouassak.
Il est salvateur de lire des analyses qui prennent en compte l'ensemble des particularités de l'expérience sociale des individus.
"Désandrocentrer" le travail, c’est ainsi se donner les moyens de repenser l’exploitation et de renouveler les luttes pour l’émancipation du travail.
L'imposture du travail
Désandrocentrer le travail pour l'émanciper
Maud Simonet
Editions 10- 18