Critique de Monsieur Aznavour: not formidable for anyone
On aime beaucoup Grand Corps Malade et on garde on souvenir vivace de son dernier concert cet été à Fourviere.
Le slameur de Saint-Denis revient sur grand écran signe avec son complice Mehdi Idir un biopic sur Charles Aznavour, en salles ce 23 octobre. Hélas on en gardera un souvenir moins ému à l'évidence...
La mode est assurément aux biopics musicaux en cette année 2024. Après Bob Marley et Amy Winehouse, voici la version frenchie avec Charles Aznavour. et force est de constater qu'aucun des trois n'aura réussi à vraiment renouveler le genre
Monsieur Aznavour, le film de Mehdi Idir et Grand Corps Malade est scolaire, hagiographique, sans réel parti pris.
Lee biopic ressuscite le timbre voilé et les états d’âme tourmentés de celui qui, comme personne, chantait toute la tendresse du monde, l’amour malheureux et la rage de l’existence.
Hélas il manque également et cruellement de distance critique sur le personnage antipathique qu’il construit, grimé à outrance et avide de succès.
Monsieur Aznavour transpire de son ambition internationale (Netflix oblige), calibré comme une compil' best of insipide.
Dès les premières minutes, une évidence saute aux yeux : Monsieur Aznavour n’a pas pour ambition de nous surprendre.
L’introduction coche mécaniquement toutes les cases du biopic classique : enfance difficile, jeune garçon rêveur, défis surmontés grâce à une volonté de fer.
Résultat des courses : une œuvre lisse, fade, et déconnectée, qui donne envie de retourner écouter les vraies chansons d’Aznavour pour retrouver un peu d’émotion authentique.
Présentation du film par Mehdi Idir,
Chaque standard du grand Charles apparaît dans le film illustré par un morceau de sa vie de façon tres automatique, sans imagination ni folie - part une séquence à New York sur du DR Dre qui fait penser à du Scorsese mais qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe
Il en ressort un film aseptisé et insipide où la personnalité a minima ambitieuse (voire opportuniste) d’Aznavour n’est que vaguement évoquée et bien édulcorée.
Évidemment le fait que la famille de l'artiste comme pour le film sur Marley ait validé le scénario et contrôlé les choses n'est pas étranger à la chose.
La prestation de Tahar Rahilm est noyée sous les prothèses et effet numérique. Il imite le maestro avec professionnalisme mais sans véritable humanité.
Terrassé sans doute par le poids du monstre sacré qu'il incarne.
Et à vrai dire ce sont plus les prestations de Bastien Bouillon et Marie‑Julie Baup que l’on retient du film.
Le premier est formidable en Pierre Roche, ami des débuts d’Aznavour, et la seconde impose une Édith Piaf gouailleuse et cassée par la vie qui n'a pas à rougir de la performance de Marion Cotillard dans le biopic de Dahan.
Une œuvre lisse et prévisible, et on se dit que la SACEM en bénéficiera plus que le 7eme art La légende Aznavour n'en sortira pas écornée, mais on aurait préféré un biopic du style Cloclo, la Mome ou le Gainsbarre de Sfar, plus ambitieux et passionnants...