Interview de Mathias Mlekuz pour le film « À bicyclette ! »
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Acteur et réalisateur né à Lens, Mathias Mlekuz a perdu un fils de 28 ans, en 2022.
Ce dernier avait effectué en 2018 un trajet à vélo de La Rochelle à Istanbul.
Mathias a refait le trajet, avec l'acteur Philippe Rebbot.
À l'arrivée,« À bicyclette ! » est, et on l'a dit haut et fort dans notre critique du long métrage un film inclassable, bouleversant et hilarant.
Interview d'un réalisateur pas comme les autres, aussi attachant qu'à fleur de peau :
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Mathias Mlekuz : Le projet débute à l'instant même où j'en parle à Philippe (Rebbot), avec qui je suis ami depuis vingt ans.
Je lui ai proposé ce voyage, quelques mois après le décès de mon fils Youri (NDLR : il a mis fin à ses jours).
C'était une forme de nécessité, pour être au plus près de lui.
Ce voyage avait été important dans sa vie, il était parti treize mois, lui. J'ai proposé à Philippe de m'accompagner et c'est lui qui m'a parlé de l'éventualité d'en faire un film, que ce voyage soit ancré quelque part sur la pellicule.
Il a d'abord fallu un financement… J'ai écrit trois pages, avec un itinéraire, de La Rochelle à Istanbul. Nous avons convaincu.
Pour le tournage, l'équipe technique, c'était trois personnes : deux à l'image, une autre au son. Une troisième caméra sur un pied. Des prises longues.
On mangeait, on buvait, on parlait, on voyait ce qui se passait… On avait des prises de plus d'une heure. Nous vivions toujours ensemble.
Le film s'est structuré au montage. Il y avait une grande liberté de travail.
On s’est retrouvés avec 180 heures de rushs, quatre heures de film. Il a fallu faire des coupures et un énorme boulot de montage.
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C'est extraordinaire. Quand je l'ai présenté la première fois, je n'étais pas du tout rassuré !
Je savais que j'avais fait un film intime. Cela pouvait paraître impudique. Or, en étant très intime, c'est devenu très universel.
Cette adhésion m'a surpris au début. Des spectateurs voulaient me prendre dans leurs bras. Des gens qui ont vécu l'expérience du deuil, pour qui ça a été dur, qui auraient voulu un copain comme Philippe.
Ce film, on l’a fait avant tout pour nous. On avait peur qu’il soit trop intimiste, impudique.
Les réactions du public nous montrent que ce n’est pas le cas. Il parle à tous. Être confronté à la mort, c’est une situation universelle...
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Ce qui s'est créé depuis Angoulême, ce contact et ces câlins avec le public sont devenus essentiels.
Je ne veux pas en rater un seul.
Mais le film va sortir dans plusieurs centaines de salles et je ne pourrai pas être partout. Je vais devoir le laisser vivre sa propre vie.
En tout cas, si j'en fais un troisième, je n'aurai plus envie de repartir sur un schéma classique, de film écrit, de plan de travail.
Quand on a eu cette liberté-là de faire du cinéma du réel, il est un peu difficile de revenir en arrière. (sourires) ...
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Mathilas Mlekuz , Philippe Rebbot et le chef opérateur Florent Sabatier
crédit : Fabrice SCHIFF
Merci a Ad Vitam et au Pathé Bellecour