Je le jure- un film mort né ?? Retour sur un singulier cas de figure de sortie d'un film
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« Ce film fait l’objet d’un accompagnement particulier pour sa sortie. » La mise en garde, qui apparaît dans le dossier de presse du troisième long-métrage de Samuel Theis, Je le jure (en salle la semaine prochaine soitle 26 mars) comme sur le site de son distributeur, Ad Vitam, est particulièrement peu courante.
Il faut dire que le film a fait parler de lui pour de mauvaises raisons et alors même que son tournage n'était pas fini.
Pendant l’été 2023, à Metz, où se tourne le film, un technicien accuse le réalisateur de lui avoir imposé un rapport sexuel.
« Il se passe un truc grave », annonce Samuel Theis à sa productrice, quelques jours plus tard. Caroline Bonmarchand, qui travaille avec lui depuis son précédent film, Petite nature (2021), connaît bien la problématique des violences sexistes et sexuelles.
Féministe engagée, elle est l’une des membres fondatrices du collectif 50/50, qui lutte pour l’égalité entre les femmes et les hommes dans le cinéma.
Bon an mal an, le tournage se poursuit. Sans le plaignant, qui quitte la région en continuant d’être rémunéré. Et avec un réalisateur à distance. Mis à l’écart de son propre plateau, Samuel Theis dirige les scènes depuis une pièce attenante
Face à cette accusation de viol visant Samuel Theis, le réalisateur du film, la productrice et distributrice, ont choisi la transparence et la réactivité mais nul doute que la carrière du long-métrage, qu'on a cru longtemps rester comme le dernier film de Jacques Doillon CE1 dans un placard, semble fortement compromise comme l'avait été du reste le dernier film de Philippe Garel, sorti juste après une enquête de Médiapart qui avait rendu invisible la sortie du film.
Cependant, si la révélation d’affaires de violences sexistes et sexuelles est devenue monnaie courante dans le cinéma français, la singularité, ici, tient à la transparence à laquelle la productrice et la distributrice ont choisi de se tenir.
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"Quand j’ai été mis en cause sur le tournage, je n’ai pas voulu fuir cette accusation, et j’ai eu à cœur d’instaurer une transparence totale avec
l’équipe du film. Notre intérêt à tous fut de maintenir en permanence le dialogue, malgré la difficulté de la situation. Il ne s’agissait pas seulement de préserver le film ou son économie ,mais de faire en sorte que chacun puisse bénéficier d’un espace d’écoute et de sécurité."
Pas sur que les mots de Samuel Theis tels qu'ils sont relayés dans le dossier de presse (aucune interview à la presse n'a été accordée pour la promo) sauront, au contraire apaiser les esprits et dépassionner les débats lors de cette sortie d'un film, qu'il sera désormais difficile de juger en dehors de son contexte d'autant plus qu'il parle de justice et de véracité des faits.
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Les exploitants, qui vont accepter de projeter le film sont encouragés à « contextualiser » la diffusion du film en organisant, par exemple, des débats en amont des projections.
Pour l'instant les échos d'avant sortie sont plus que mitigés : pas de partenariat presse, peu de demandes d’interview pour les acteurs principaux : on pense que le film sortira mercredi prochain sans faire aucun bruit.
Connaissant le travail du réalisateur et notamment son très réussi Petite Nature on peut le regretter et en même temps, considérer que le film aurait parfaitement pu ne pas sortir du tout vu la très grave accusation qui pèse sur le cinéaste.
source : Ad vitam films
Le Monde du 19 MARS 2025
Libération du 17 juillet 2024