Critique-Les Arènes : en pleine lucarne !!
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"Il y a des enjeux que vous ne maîtrisez pas." Brahim - Iliès Kadri, étonnant pour son premier grand rôle au cinéma- 18 ans possède une qualité d’attaquant très bien identifiée au centre de formation de l’Olympique Lyonnais, mais la pression monte : il faut signer son premier contrat professionnel.
Managé par son affectueux et sympathique cousin Mehdi-, Sofian Khammes un acteur qui ne cesse de briller dans tous les rôles qu'il joue- , le jeune homme, sous le masque d’une assurance laconique, se pose beaucoup de questions sur son avenir immédiat.
Des interrogations attisées par la hauteur des sommes en discussions (entre 350 000 et 700 000 euros de salaire annuel éventuel et de 1 à 2 M€ de prime à la signature) qui glissent vers une angoisse sourde quand son club formateur lui préfère un coéquipier conseillé par Francis (Edgar Ramirez), un intermédiaire colombien semblant maîtriser toutes les arcanes occultes du marché des transferts et tissant méthodiquement sa toile pour mettre la main sur Brahim…
Quel choix fera ce dernier Cèdera-t-il aux sirènes sur un échiquier dangereux, entre mensonges et faux-semblants, dont il découvre progressivement les règles et les raccourcis ?
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C ’est en plein cœur de ce système de tractations en coulisses attirant la convoitise d’une myriade d’intermédiaires aux statuts plus ou moins flous que la réalisatrice française Camille Perton, un peu comme Tristan Seguela quelques mois avant elle, a choisi d’immerger son premier long métrage de fiction, Les Arènes,
Prenant pour modèle Pier Paolo Pasolini, qui clamait haut et fort qu'un match de football,
c’est la messe des temps modernes, plus spectaculaire encore que le théâtre, Camille Perton, et ses moyens forcément limités ne filme jamais les arènes proprement dite mais tout ce qui se trace autour.
Avec son premier long métrage subtil, jamais manichéen ni cynique, construit autour d’un scénario prenant, Camille Perton, passionnée de cinéma depuis l'enfance parvient à filmer à hauteur de femme et filmer un monde d'hommes bien plus fragile que ce qu'ils laisseront penser.
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Laissant les terrains totalement hors champ pour privilégier les vestiaires, les voitures, les restaurants, les boîtes de nuit et les yachts, Camille Perton (qui a écrit le scénario) explore frontalement l’envers du décor du football professionnel avec pas mal de mystère et sans jamais que cela soit totalement naturaliste.
La cinéaste injecte un climat imperceptiblement menaçant dans le sillage du prédateur Francis, entre pouvoir et désir, et dans un univers capitaliste exacerbé.
Dans ce petit théâtre de faux semblants, magnifié par la photographie signée Martin Roux, ce conte moderne sur la désillusion des rêves de mêmes (annoncé en cela par la très belle première scène) est un long métrage aussi remarquable que profond.
Les Arènes de Camille Perton (Fr, 1h34) avec Iliès Kadri, Edgar Ramirès, Sofian Khammes, Lorenzo Zurzolo, Grégoire Colin… Sortie le 7 mai.