Baz'art  : Des films, des livres...
11 avril 2025

Exposition photo à Lyon : Mirage de Clément Sanna : entre réalité et illusion (critique de l'exposition+ ITW express)

Tous les habitués de la très jolie place Sathonay située en bas des pentes de la Croix Rousse ont forcément, un jour ou l'autre,  franchi les portes de la singulière et étonnante boutique Blitz, qui régale depuis 2014 les amateurs d’art curieux et avertis. 

Déco, cosmétiques, accessoires, papeterie...chaque objet présenté chez Blitz possède  son utilité avec un twist créatif qui le rend à part.

 

 

Ces mêmes visiteurs n'ont pas manqué de prendre l'escalier en colimaçon qui les mène au premier étage, où les grands gabarits devront forcément baisser la tête pour accéder à l'espace galerie et admirer les œuvres- entre peintures figuratives et céramiques en folie- régulièrement mises en avant. par ce lieu ô combien insolite.

Depuis la semaine passée et jusqu'au 3 mai prochain, c'est le travail du photographe lyonnais Clément Sanna que ces derniers peuvent venir admirer dans le cadre de sa toute nouvelle exposition intitulée "Mirage".

 

Des créations qui questionnent et bouleversent le visiteur

 

Guidées par une fascination pour le récit,  les réalisations de Clément Sanna se situent dans une étonnante ligne de crête, quelque part entre documentaire et récit plus composé.

En observant ces photos qui parfois se dérobent au visiteur, on plonge dans une ballade singulière  à travers les quartiers résidentiels aux carrosseries brûlantes et colorées de voitures, et où lorgnent palmiers californiens aux espaces intimes sculptés par la lumière.

On aime chez Clément Sanna cette singularité de regard et cette manière assez unique de capturer la poésie de la périphérie et de ces banlieues résidentielles qui nous semblent tout autant familières qu'exotiques.
 

 

Les réalisations de Clément Sanna interrogent l’œil et le public sur leur processus de fabrication...

On a du mal à cerner ce qui est totalement naturel de ce qui est un peu plus fabriqué...

Les photos, parfois spontanées, parfois soigneusement orchestrées avec précision, brouillent les repères et installent un équilibre suspendu aussi fascinant qu'ambigu.

 

 

On a tellement aimé son travail qu'on a eu envie d'en savoir plus et on a eu la chance d'échanger avec l'artiste en plein milieu de ses œuvres exposées à la galerie Blitz  pour tenter d'en savoir un peu plus sur lui et sur la genèse de son projet.

 

 

5 Questions au photographe Clément SANNA autour de son exposition MIRAGE

 

Bonjour Clément. Avant toute chose, pourrais-tu te présenter et nous dire  notamment comment tu articules ton travail de photographe avec tes autres activités professionnelles?

 

Je suis directeur artistique, et je mêle étroitement graphisme et photographie.


Selon les projets, je mobilise l’un ou l’autre de ces médiums, et parfois les deux se rejoignent dans un même projet.


Cela fait plus de dix ans que j’évolue dans des agences de communication et des institutions culturelles, où j’ai pu concevoir et réaliser des projets visuels d’envergure, comme par exemple la Biennale de la Danse, le Festival Lumière ou la Biennale des musiques exploratoires.


La photographie occupe une place essentielle dans ma pratique, que ce soit dans le cadre de commandes ou à travers un travail d’auteur — comme ici avec mon exposition Mirage.

 

 

 

J'avais envie d'exposer mon travail depuis longtemps et quand David, le gérant de la galerie Blitz  m'a proposé de mettre en avant mon travail j'ai cherché à trouver un fil conducteur reliant plusieurs séries de photos.

Et c'est ainsi que j'ai pu faire dialoguer mes photos entre elles  :  j'ai eu cette sensation assez nette que toutes racontaient des figures un peu  hors-piste, évoluant dans des espaces intermédiaires, loin des grandes avenues et que dans chacune d'entre eux, on était dans un espace assez insaisissable  où la réalité bascule à chaque fois dans la fiction.

 

 

Oui justement, "Mirage"a cette particularité de rassembler deux pôles a priori contradictoires, à savoir la photo documentaire, très réaliste et une approche plus composée, plus fabriquée, plus'  fictionnalisée'.. C'est quelque chose de clairement assumé chez toi?

 

Oui tout à fait  : j'avais ce souhait solidement ancré en moi que la réalité épouse la fiction, que l'aspect proche documentaire de ces photos côtoient un coté bien plus narratif.

Cela correspond assez bien aux références artistiques qui sont les miennes depuis que je suis passionné d'art et depuis que je travaille dans ce secteur.

 

Et ces références justement, tu pourrais nous en dire un peu plus dessus?


Oui bien sûr, j'éprouve notamment une véritable admiration pour le travail des photographes américains regroupés sous le nom de New Topographics.


Ce courant, apparu dans les années 1970, a marqué une rupture en s’écartant des représentations idéalisées du paysage.


L’approche est plus objective, documentant des espaces comme des lotissements, des parkings, des zones industrielles, avec une esthétique sobre et frontale.
Cette manière d’aborder le territoire a profondément influencé ma façon de regarder le paysage et m’inspire, souvent de façon inconsciente.

Mais j'aime aussi beaucoup tout un courant du cinéma américain de l'étrangeté et des grands espaces, celui de Lynch, Cronenberg, Nicolas Winding Refn ou même du français Quentin Dupieux mais plus dans sa veine américaine- celle de Rubber ou de Wrong.

Et je pense que mon exposition  est traversée par ces deux dimensions là qui se complètent, du reste, plus qu'elles ne s'opposent.

Disons que plus que tout, j'apprécie vraiment de brouiller les pistes entre réalité et fiction et laisser le doute dans l'esprit de la personne qui regarde la photo sur ce qu'il voit et ce qui lui échappe légèrement.

 

 

Quand tu dis que tu aimes brouiller les pistes, on le voit même au niveau géographique... on pense que certaines photos ont été  toutes prises aux USA, mais il semblerait que cela ne soit pas le cas pour toutes..

 

Il semblerait en effet (Rires)... 

Disons que j'aime bien l'idée de ne pas tout dévoiler des mystères de fabrication de mes photos mais certaines prises de vues ,qui mettent souvent en avant des voitures qu'on imaginerait tout à fait trôner devant de belles bâtisses américaines, pourraient bien avoir été réalisés non pas de l'autre coté de l'Atlantique, mais bien plus près de chez nous dans la région lyonnaise.

Globalement je n'ai pas eu envie de trop marquer les photos notamment au niveau temporel, pour conserver cette dimension assez énigmatique qui permet à celui qui la regarde de plus se l'approprier que si la photo était trop enfermée dans une case quelqu'elle soit...

Mon objectif c'est que le plus grand nombre de personnes se sentent touchées par mes photos...

Je te donne un seul exemple: sur les photos de l'expo, les voitures sont souvent présentes,  parce que c'est un objet que j'aime beaucoup, mais j'ai eu des visiteurs de l'exposition qui m'ont dit qu'ils n'étaient pas a priori passionnés par les belles carrosseries mais qu'ils aimaient beaucoup mes photos même celles avec des voitures dedans (rires).

Et tu sais quoi? C'est totalement ce genre de retour qui me fait énormément plaisir.

C'est vraiment cela que je recherche en partageant mon travail: provoquer chez les gens des émotions qu'ils n'étaient pas forcément venus chercher...

 

 

Mirage, une exposition des photos de Clément Sanna à voir actuellement  à la galerie Blitz à Lyon (4, rue Louis Vittet, dans le 1 er arrondissement) jusqu’au 3 mai prochain.

Retrouvez le travail de Clément Sanna sur son site  et son compte instagram

Commentaires
P
Je suis ressorti de cette exposition avec des étoiles plein les yeux tellement elle était incroyable ! Un instant, je me suis senti transportée dans un univers hybride, entre la décontraction californienne et l'élégance à la française ! Bon courage et bonne continuation, Clément !
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