Maringouin : Romane Brandeis plonge avec panache dans la grotte de son anxiété – Théâtre La Flèche (Paris)
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Des plateaux quasiment nus, ce sont les silences qui sont les plus intrigants. Ils révèlent notre capacité à les supporter en tant que spectacteur.rice face à un artiste qui jongle avec. Quand ils sont maniés avec finesse, ils ont tendance à s’abattre en nous. La douceur en est frappante.
Romane Brandeis s’élance sur scène, jouant entre hésitation et comique de situation. Où va-t-elle ? Elle ne le sait pas encore, ne veut pas rien promettre pour ne pas rajouter une ènième couche de culpabilisation. La peur démultipliée s’est installée en Romane il y a longtemps, elle veut revenir sur ses origines pour passer une forme de cap. Un peu comme ce discours hyper important par lequel il faut passer. Pour débloquer le prochain niveau, il faut replonger en soi, dans une grotte sombre, invisible et insaisissable : l’anxiété. Ce drôle de personne touffu dans Vice-Versa peut autant faire rire que chavirer. Poussé à l’extrême, il est une maladie. Il a guidé Romane une bonne partie de son début de vie jusqu’à avoir prise sur sa confiance en soi : quant au collège, anxiété renforce l’idée de rentrer dans un moule pour plaire aux autres, elle devient autodestructrice lorsque la comédienne commence à toucher à la formation qui lui fait briller les yeux depuis toute petite. Le maringouin qu’elle a introduit au début vrombit, vrombit autour d’elle pour se glisser dans les moindres fissures de sa construction.
Signe d’un long travail personnel, Romane touche cette vague qui peut tout arracher sur son passage et cogner sur les parois de sa tête du bout des doigts pour se réapproprier cette submersion. La scène et la créativité qui en découle lui offrent un terrain de ring idéal pour entamer la bataille silencieuse d’abord contre soi-même puis cet ami-ennemi invisible.
L’écriture innocente et douce est agrémentée par un cocktail d’émotions très solaire, on passe rapidement du rire aux larmes grâce à la vivacité de Romane Brandeis qui rebondit sur ces éclats et hontes avec adresse. Maringouin est bourré d’humilité, d’inspiration pour les anxieux.ses et de même pour les futur.es comédien.nes , signe d’un talent à suivre qui ne fera que murir.
Crédits photo : Matthias Distef
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Maringouin
Écrite et interprétée par Romane Brandeis
Mise en scène par Agathe Jeanne
1h05
Tous les samedis à 21h
Jusqu’au 7 juin 2025
Théâtre La Flèche (Paris 7ème)
Jade SAUVANET