Bilan/Abécédaire du festival d'Annonay
Tiens, vous pensiez certainement que j'avais fini de vous ennuyer avec mon festival d'Annonay...eh ben non, pas tout à fait, février est certes fini, mais je profite de début mars pour vous faire un petit récapitulatif de ce festival, sous forme d'abécédaire. J'ai un peu plus galéré sur certaines lettres que sur d'autres, évidemment, c'est la loi du genre, mais j'ai essayé d'inclure l'essentiel de ce que je n'avais pas encore dévoilé dans mes billets au jour le jour :
A comme Annonay : Si le festival m'a laissé une trace impérissable, je ne pourrais dire la même chose de la ville en elle même, qui n'est pas vraiment un petit coin de paradis. Bon, évidemment le froid sibérien n'a pas aidé à apprécier toutes les charmes de la vieille ville, qui comporte bien un ou deux ruelles interessantes, mais surtout, ce qui m'a frappé, c'est le coté "ville morte" : tous les commerces ont fermé leurs portes, à part les salons de beauté(?)...et le samedi à 2 heures du mat, pas un seul bar ouvert à part L'étape...visiblement, la ville n'a rien fait pour attirer les tourismes, ce qui donne à Annonay un coté bled perdu au milieu de nulle part...
B comme Bikers : Le festival proposait, dans une de ses sélections parrallèles, un volet "le cinéma et la moto" qui ne me disait pas plus que cela...si j'ai heureusement évité la virée en deux roues, nous avons quand meme eu droit un matin à une scène assez hallucinante : une dizaine de bikers, invités par le festival, prenait le petit dej dans le même hôtel que nous, et tous les mecs étaient attablés à un endroit, et leurs femmes à l'autre bout du restaurant...des vrais sentimentaux, ces bikers, moi je vous dis...
C comme Corse: Un des films présentés en sélection racontait ( Au Cul du Loup) l'histoire d'une jeune belge qui abandonne son mec vivant à Charleroi pour partir en Corse et y tomber amoureuse d'un berger corse (joué par l'acteur qui faisait Roy Lapoutre dans Hard)...soit, sauf que quelques minutes avant que le film ne commence, ma copine m'annonca au téléphone qu'elle partait dans peu de temps quelques jours, grâce à son blog, en.....Corse!!!!...du coup, le film, annoncé au départ comme un feel good movie m'a un peu déprimé...et si elle rencontre son beau berger et qu'elle ne veuille plus revenir, je fais quoi, moi???
D comme Départ : Je garde une note un peu amère de mon départ, tellement précipité que je n'ai pas pu dire au revoir à mes compagnons de fortune...j'ai du sauter le ventre vide dans une voiture qui me ramenait sur Lyon ( sinon c'était l'attente dans le froid d'un hypothétique car), et j'ai partagé ce trajet en compagnie du gratin : deux cinéastes ( Raphael et Pierre Ducoulot) et une romancière (Tiffany Tavernier)...je n'étais pas forcément super à l'aise, mais en même temps, je me disais d'en profiter, ca risquait pas d'arriver bien souvent...
E comme Enfants : Chose qui m'a un peu surpris au départ, on était une grande majorité dans le jury à avoir des enfants, et si certains avaient invité leurs familles à les accompagner lors du séjour (ce qui devait être assez frustrant, vu qu'ils avaient pas beaucoup de temps à leur consacrer), d'autres que je ne nommerais pas commencaient à être un peu en manque de leur progéniture lors des derniers jours....J'étais un peu dans ce cas, surtout quand dès le deuxième jour, mon fils au téléphone m'a confié qu'il ne se rappellait plus à quoi je ressemblais :o)
F comme Feufeuille la tulipe: Sous ce titre concon(la tulipe?), se cache le journal quotidien du festival, celui là même où nous avions notre tête en grand... Cette renommée nous a valu des hauts ( le bruissement de la salle quand nous arrivions groupés lors des projections) mais aussi des bas ( voir sa tête finir dans les poubelles du cinéma fait un peu de mal à l'égo :o)
G comme Guillaume : Un des membres du jury, dont je n'ai pas eu l'occasion de parler dans mes chroniques au jour le jour, alors même que nous avions pas mal discuté tous les deux. Projectionniste à mi temps à Saint Rémy de Provence, et documentariste dans l'autre mi temps, Guillaume a notamment été journaliste reporter pour une chaine d'information japonaise...une vie pas banale, en tout cas, moins que la mienne :o)
H comme Hotel : Le petit problème du séjour venait du fait que l'hôtel était situé totalement en dehors de la ville, ce qui fait qu'on était totalement tributaire des rares chauffeurs dans les membres du jury...Visiblement les autres années, les membres du jury étaient logés à Annonay même, mais certains de ces hôtels ont mis la clé sur la porte (quand je vous disais que la ville se mourrait), et avec celui de l'année passée, toujours ouvert, visiblement il s'est passé des choses inconvenantes qui a poussé l'équipe à aller voir ailleurs, dans cet hôtel au demeurant sympathique, mais certainement plus agréable lorsque les températures sont plus douces... :o)
I comme Incident Diplomatique : J'en ai déja parlé dans ma dernière chronique, les remarques que nous avons eu sur le fait que nous n'avions pas débarassé notre table lors du repas buffet sous la tente géante ont été mal percues par certains de mes camarades...l'organisation a du penser que nous voulions jouer nos stars jusqu'au bout, alors même que nous n'avions juste pas entendu les consignes...enfin rien de bien méchant, juste de quoi nous faire parler quelques longues minutes:o)
J comme Jury :Curieux assemblage qu'un jury de festival de cinéma. Réussir à composer un jury composé de personnes qui ont en commun la même passion pour le cinéma, mais qui en même temps ont une éducation cinéphilique et un rapport au cinéma différent est une vraie gageure que le comité de selection doit réussir sur la base de simples missives de trois pages maximum. Et dès notre premier repas en commun, où les éclats de rire et les confidences étaient légions, on pouvait déja dire que le pari était réussi. Depuis, les échanges de mails sont réguliers, les invitations dans diverses régions de France également, bref, le lien entre nos 8 membres du jury (sans oublier celui avec le Président, qui est également resté en contact avec nous) est moins distendu que jamais...
K comme Kassovitz: Avant même l'épisode Césars, j'ai pu m'apercevoir combien Kasso n'était pas beaucoup apprécié par la profession. En effet, lors de mon voyage de retour dans la voiture qui nous ramenait à Lyon, la discussion a viré sur son oeuvre et sur son dernier film et les avis des professionnels du cinéma sur son dernier film L'ordre et la morale étaient tellement assassins, et quand même bien éloignés des critiques de la presse que j'avais lu jusque là que je me suis dit que le type payait quand même pour son coté grande gueule et provocateur...
L comme Livre: Un jour, Tiffany Tavernier devait dédicacer ses ouvrages dans le hall du théatre, et on ne peut pas dire qu'elle a eu un franc succès auprès du festivalier. Heureusement que certains membres du jury étaient là pour lui en acheter, et notamment moi qui lui ai demandé de me choisir son préféré, et ce fut l'Homme Blanc, l'histoire d'un type de 45 ans qui se retrouve seul face à lui même en pleine terre Inuit.... dès que je l'aurais lu, j'en parlerais évidemment ici même...
M comme Marianne : Une autre membre du jury dont je n'ai pas parlé avant, et dont les gouts cinématographiques se sont avérés au fil des délibérations et de nos discussions assez proche des miens. Marianne voue un culte à Cinéma Paradiso qui fut longtemps un de mes films de chevet, et aime encore tout un tas d'autres films qui m'ont fait vibre. Une passionnée jusqu'au bout des ongles, une de celles qu'on a entendu le plus lors des délibérations finales. Chapeau bas...
N comme Nils Tavernier : Lors du diner du samedi soir, j'ai osé questionner Tiffany Tavernier sur ses rapports avec son frère, dont la carrière et la personnalité m'a toujours intrigué. Elle s'est ouverte sans problème sur les relations particulièrement difficiles entre Niels et son génie de père, et les excès en tous genre qu'a connu Niels. Ancien danseur (je comprends mieux les documentaires qu'il a pu faire sur ce sujet), obligé d'arreter sa carrière à cause d'un problème de santé, la vie de Niels ne fut pas toujours un long fleuve tranquille...
O comme Optimisme : Dès le premier jour, on nous a dit que la compétition cette année allait être placée sous le signe de l'espoir, ou, en tout cas, allait être plus légère que celle des autres années, et notamment celle de l'année dernière, qui battait un record avec un nombre assez impressionnant d'enfant décédés et qui avait donc poussé le public à exprimer leur mécontentement devant tant de noirceur... Résultat des courses : une histoire de SDF vivant dans leurs voitures et drogués, d'ado de 15 ans pauvre et fugueur, de femme au bord de la folie après le suicide de son compagnon, de cancéreuse partant au Japon pour fuir ses proches, de jeune handicapé souffrant de solitude...bon,on rassure les sélectionneurs : il y a encore de la marge avant qu'on chante "le petit bonhomme en mousse" après chaque projection :o)
P comme Pyrénées: Les Pyrénées sont le lieu où se déroule le film Avant l'aube, présenté en ouverture de notre festival, car réalisé par le Président du Jury. Président qui nous a confié qu'une petite partie des scènes seulement ont vraiment été tournées dans les Pyrénées, le restant ayant été fait dans un studio au Luxembourg, pour des raisons économiques évidentes...La magie du cinéma...
Q comme Q du loup : attention, anecdote où votre humble serviteur passe (encore?) pour un c.... Juste avant la présentation officielle du film de Pierre Ducoulot, Gael, désirant soulager un besoin pressant ,me fait lever de mon siège pour qu'il puisse passer. J'ai un petit problème (récurrent) de ceinture, donc mon pantalon ne tient pas bien aux fesses...Bref, juste au moment où le présentateur annonce "et maintenant voici le cul du loup", j'entends une voix féminine juste derrière moi : "on le voit déja nous, le cul du loup"... Je me retourne piteusement et, en essayant de rassembler le peu d'orgueil qu'il me reste, lui lance un regard noir, tout en remontant mon falzar :o)
R comme Roméo Onze : allez, dévoilons encore une anecdote où je ne me mets pas particulièrement en valeur: lors de la toute dernière soirée après remise des prix, un seul acteur est présent, Ali Ammar le grand vainqueur de la soirée, très sympa et très fier d'avoir remporté son trophée pour le film dont il est l'acteur principal, Roméo Onze. Comme je l'ai déja dit, l'acteur souffre (comme le personnage qu'il joue) d'une malformation aux jambes qui le font très lourdement boiter... Et tout d'un coup, alors qu'il est juste à coté de moi, et que dans ce lieu presque pas chauffé, je me mets à avoir des crampes terribles à mes voutes plantaires, ce qui me donne une démarche terrible et un rictus de souffrance idoine...Ali Ammar s'est mis à me regarder très bizarrement, pensant que je me foutais de sa tronche, et plus je me disais qu'il devait penser cela, plus ma crampe s'accentuait... Grand moment de solitude :o)
T comme Trophée : si Ali Ammar était fier de son trophée, c'était plus pour le symbole et la reconnaissance de son talent que pour l'objet en tant que tel, je pense... Car lorsqu'on a vu en vitrine cet objet à la forme peu reconnaissable, on s'est tous regardés assez effarés, un(e) des membres du jury que je ne nommerais pas par charité chretienne (elle le fera d'elle meme si elle le désire) proposant même de récompenser finalement le film qui nous a le moins plu :o)
U comme Ubers us Und : Was ist das? Rassurez vous, je vous donne simplement le titre original du film l'amour et rien d'autre. Le titre français jugé trop cucul et Harlequin pour une majorité des membres du jury, nous nous sommes arrétés sur l e titre de la version allemande du film, sauf que personne dans l'ensemblée ne savait ce qu'elle signifiait... Heureusement, lors de la délib, Guillaume a demandé par sms à une connaissance allemande la traduction, et nous avons eu la réponse dans l'instant...sincèrement, je ne pourrais vous redonner la signification, mais à l'unanimité, ellefut jugée plus adaptée que la française...personnellement, je tremblais un peu, de peur que la traduction soit encore plus ridicule et que pour ce motif, on décide de sanctionner mon coup de coeur :o)
V comme Voitures : LE gros problème d'infrastucture du festival: comme l'hôtel était à 10 bornes du centre ville, et que les organisateurs n'avaient pas prévu de nous servir de chauffeur, c'était aux membres du jury motorisés de faire le taxi à chaque fois...si bien qu'à chaque fois que l'un de ces jurys conducteurs rentrait à l'hotel, il devait en alerter tout le monde pour qu'on ne se retrouve pas en rade...cela ne nous a pas empeché de nous retrouver parfois en pleine nuit pendant de (très longues, car très, très froid) minutes en attendant un véhicule susceptible de nous ramener, ou alors devoir se serrer à 5 derrières (dont un dans le coffre ) pour les trajets....
W comme Wi-Fi : Qui dit hôtel perdu au milieu de nulle part dit connection WI fi hasardeuse...et qui dit blogueur geek patologique dit que malgré cette connexion qui s'interrompt toutes les deux minutes, dit qu'on tente de la reconfigurer, même à 2 heures du matin, et même quand on doit se lever le lendemain à l'aube...
X comme Xavier : 3 Gaëls, 2 Chloé, 2 Nicole, et pourtant....aucun Xavier... on aurait pas pu trouver un Xav dans le jury, non? cela aurait été plus simple pour ne pas se mélanger les pinceaux dans les prénoms...et surtout j'aurais trouvé quoi raconter dans le X de mon abécédaire :o)
Y comme Y revenir : Une fois qu'on a gouté à ce festival, on n'a qu'une envie, celle d'y revenir... le bénévole, qui nous a ramené au retour, nous a confié que pendant plusieurs années, les membres du jury des années antérieures se réunissaient entre eux pour voir tous les films en compétition et reconstituer un jury non officiel et y proclamer un palmarès...visiblement ca plaisait pas beaucoup au jury officiel et aux organisateurs (sans blague?), mais cela montre bien que c'est dur de tirer un trait à ce qui est actuellement le seul jury de cinéphiles lambda...personnellement, je me suis promis d'y refaire un tour l'année prochaine, mais promis, si je vote ca sera uniquement dans le cadre du Prix du Public, je ne jouerai pas les rebelles aigris :o)
Z comme Zarafa : Certains membres du jury me confiaient, à la fin du festival, leurs envies de faire un break dans leur fréquentations de salles obscures pendant un certain temps, car ils ressentaient le besoin de se sevrer de films... Personnellement, j'étais prêt à me replonger dans le noir d'une salle de cinoche dès le lendemain, mais en fait, j'ai attendu...une bonne semaine avant d'y retourner voir avec mon fils ce très beau dessin animé... 7 jours pour moi, c'est déja pas mal du tout :o)
Allez, sur ces 26 points, je vous assure tirer un trait défintif sur ce festival qui m'aura bien fait parler... Pour conclure, j'ajouterais simplement pour tous ceux qui me lisent et qui m'ont envié, la bave aux lèvres, que c'est plutot le contraire qui devrait se passer: en effet, rien ne vous empeche de postuler pour la prochaine édition, la 30ème qui s'annonce merveilleuse...alors que moi, à part me déguiser en femme et changer d'identité, je n'ai aucune chance de revivre une telle expérience... :o)