Grace de Delphine Bertholon : grâce, ou es tu?
1981. Grâce Marie Bataille, jeune trentenaire supporte tant que bien que mal les absences de son mari représentant en électroménager. L’arrivée d’une jeune fille au pair d’origine polonaise pour s’occuper des enfants Lise et de Nathan va semer le trouble. 2010, Grâce, sa fille, son fils et ses petits enfants fêtent Noël ensemble dans une étrange atmosphère. De curieux évènements se produisent, des secrets de famille ressurgissent. Les souvenirs réapparaissent, les langues se délient.
Après Twist, dont je vous ai longuement parlé et dont je vous ai même fait gagné un exemplaire, j'ai eu la chance de lire, grâce à Version Femina, Grace, le tout nouveau roman de Delphine Bertholon, écrivain lyonnaise sorti au début du mois d'avril et qui fait partie de ces auteurs dont je suis toujours l'actualité littéraire avec un vrai plaisir.
Grace, comme Twist, témoigne de la vraie ambition de cette romancière qui aime toujours autant mélanger les époques et y méler des narrateurs différents. En effet, le tout nouveau roman alterne des lettres de Grâce à son époux à partir de 1981 et le présent narré par son fils Nathan. Un fils lui même devenu père et qui est un jeune veuf.
De plus, Delphine Bertholon se paie l'audace de mélanger aussi les genres : son roman est à la fois une chronique de moeurs sur le travail de deuil, un portrait des années 80, et aussi une histoire teintée de paranormal et de fantastique avec une histoire d'évenements étranges qui pourraient être l'oeuvre d'un fantôme.
Sur un territoire (les secrets de famille) maintes fois usité par le roman français, Bertholon a voulu lui donner un coup de fraicheur et d'inventivité, ce qui est tout à son honneur.
Hélas, contrairement à Twist, dans lequel le mélange des genres et des histoires fonctionnaient parfaitement, ici, la mayonnaise neprend jamais vraiment : la faute certainement à des personnages jamais vraiment incarnés, à une surabondance de situations dramatiques (pourquoi rajouter une femme décédée en couche avec cet homme qui doit trainer une enfance si difficile?) et à une écriture moins élégante que dans son avant dernier roman.
Même s'il se lit sans aucun déplaisir jusqu'à la fin (néanmoins un peu attendue),Grace est donc bien un ton en dessous de Twist. Même si elle est peu facile, celle là, je dois dire quela plume de Delphine Bertholon n'a pas retrouvé la grâce, malgré son titre qui l'annonçait tant et si bien.