Le temps passe tellement vite qu'on se retrouve déjà avec les sorties DVD de films sortis en début d'année...Du coup, dans le cadre d'un de mes challenges qui m'impose de visionner le plus de films possibles sur une année civile, j'essaie de me ruer sur le plus de longs métrages sortis  en salles ( zut le Abel Ferrara sur DSK ne rentrera pas dedans :o) depuis le 1er janvier 2014 et que j'avais raté en salles.

C'est notamment le cas de ce "Lovelace", ce biopic sur Linda Susan Boreman, l'une des plus grands stars du cinéma pornographique un peu malgré elle. Un film sorti dans les salles  le 8 janvier dernier ( que j'avais présenté dans un billet concours  pour faire gagner des places de films ) et qui est sorti donc en DVD hier le mercredi 14 mai chez FranceTelevisions Distribution.

 Qui aurait pu croire qu'une fille de bonne famille devienne à l'âge de 19 ans l'une des premières grandes stars du cinéma pornographique ? C'est pourtant ce qui arrivera à  la jeune Linda  Susan Boreman qui entre dans l'Histoire du cinéma américain grâce au film de Gérard Damiano, Gorge Profonde, Ce film pornographique  deviendra même un succès public et lance l'ère du "porno chic", bien que le film soit interdit dans certaines régions et soit l'objet de procès pour obscénité.

Sous le pseudo de Linda Lovelace, Linda Susan Boreman de son vrai nom atteindra ainsi très vite la célébrité. L'envers du décor est pourtant plus sordide qu'on ne le croit : non seulement Linda verra son cachet de 1 250 dollars confisqué par son arnaqueur de mari, mais elle confessera quelques années plus tard les maltraitances subies durant le tournage (tentatives de viols, tortures et exécution de scènes sous la menace d'un révolver). Dès lors (et jusqu'à son décès en 2002), elle devient l'une des plus farouches militantes du mouvement anti-pornographie et une figure importante du féminisme.

 Si son histoire a déjà été repris plusieurs fois sur petit et grand écran, ce biopic réalisé par Rob Epstein un documentariste assez connu, se place exclusivement du coté de la jeune fille et nous la montre comme une victime manipulée par un homme sans scrupules, son mari Chuck Taylor, qui ira jusqu'à la faire violer par des producteurs, juste pour se faire de l'argent.

  Le film a comme atout un bien beau casting, avec autour d' une Amanda Seyfried plutôt crédible dans le rôle titre, on y trouve de grands noms d'Hollywod tels que le génial Peter Sarsgaard (un acteur américain sous estimé et pourtant épatant dans tous ses rôles), mais encore  Sharon Stone, totalement méconnaissable et dans de petits rôles James Franco, June Temple, Chloë Sevigny, Chris Noth et Adam Brody.

Après une première partie qui raconte de facon très classique  le chemin de la "gloire " pour Linda Lovelace, le film nous surprend à mi parcours avec un retournement de situation pour nous faire comprendre l'envers du décor en reprenant tous les éléments donnés auparavant et les montre sous un nouveau jour. et du coup Lovelace devient une charge assez féroce  contre l’industrie pornographique comme pouvait l’être Linda Lovelace à la fin de sa vie, le film présente cette entreprise comme un business gangréné par la corruption, les escrocs, l'ambition à outrance  et les faux-semblants.

Et du coup, malgré la surprise de ce retournement, cette partie là rend le film plus faiblard car malgré la reconstitution des années 70 plutot soignée, on ne peut s'empecher de penser à Boogie Nights de Paul Thomas Anderson, qui sur un sujet similaire (l'envolée puis la descente aux affaires d'une star du porno des années 70)  possédait une ampleur dans la mise en scène et une justesse dans le portrait de ses personnages qui fait cruellement défaut ici. Car, hélas, niveau de la mise en scène, on est souvent au niveau plus d'un téléfilm lambda que d'un grand film de cinéma et c'est ce défaut qui malgré la force de son personnage et de son sujet, rend ce Lovelace finalement assez anecdotique et qui s'oublie presque après l'avoir vu.