MEZZANOTTE Les nuits de David un autre récit iniatique italien
Une semaine après l'Eveil d'Edoardo chroniqué avant sa sortie, le jeune cinéma italien continue de s'interesser au récit iniatique de jeunes gens en plein questionnement . C'est le cas du premier long métrage de Sebastiano Riso, "Mezzanotte", qui sort demain, le 24 juin 2015.
Présenté en ouverture de la Semaine de la Critique 2014, "Mezzanotte" a concouru dans plusieurs festivals de référence dont celui du premier film d’Annonay dont je suis toujours très profondément attaché.
On y suit les pas du jeune Davide, adolescent androgyne de 14 ans, qui décide un beau jour de quitter le foyer familial pour trouver refuge à la Villa Bellini, un parc de Catane. Ce parc est un monde en soi, habité par des marginalisés que la ville préfère ignorer.
Ce groupe de prostitués homosexuels dont certains adeptes du travestissement vont permettre à, Davide apprend à connaître ses désirs au grand dam de son père, qui ne supporte pas que son fils cultive sa troublante androgynie.
Contrairement à l’éveil d’Edoardo qui s’intéressait à des émois amoureux hétérosexuels, Ce premier long métrage aborde des thèmes toujours intéressants et délicats comme ceux de l'homosexualité et la question du genre.
Le film nous plonge dans les tréfonds de la prostitution italienne de transsexuelles au coté d'un jeune garçon androgyne, fuyant sa famille.
Davide va peu à peu prendre conscience qu’à cause de son apparence, plus celle d’une fille que d’un garçon que la société a beaucoup de mal à l’accepter, même si un certain nombre de personnes aimeraient l’utiliser comme objet de désir.
Pour traiter ce douloureux cas de conscience, la caméra de Riso opte pour de nombreux plans séquences sous le fondemement de lacamera à l' épaule, formant ainsi certaines séquences assez baroques avec cette troupe de marginaux qui pourraient faire pense à du Almodovar, voire même à du Fellini.
Catane est parfaitement filmée, cette Sicile pauvre et marginale peu représentée au cinéma et on pense parfois au désœuvrement social du néoréalisme d’après-guerre, celui de Risi et consorts
Malheureusement le cinéaste a du mal à rivaliser avec toutes ces écrasantes références, la faute à un scénario un peu trop pauvre qui se contentent de filmer ces personnages bigger than live sans leur donner réellement d’épaisseur dramatique à ces personnages secondaires ( on aurait aimé voir le personnage du père intolérant plus fouillé et nuancé), ni des rebondissements narratifs digne de ce nom. Sebastiano Riso donne parfois l’impression de dérouler un cahier des charges qui rend son film sinon fade, du moins souvent prévisible.
Mais son principal atout, c’est son acteur, le tout jeune Davide Capone, qui pour la première fois, impose avec autorité son naturel et sa grâce sur grand écran, rarement l’androgynie avait été incarnée de telle façon, dans la lignée de la jeune Zoé Héran dans le merveilleux Tomboy de Céline Sciamma.
Dommage que si on compare justement au film de Sciamma au traitement proche, Mezzanotte n’ait pas ce trouble et cette puissance visuelle qui lui fait un peu défaut.
Malgré ces défauts, ce portrait d’adolescent pourra séduire les spectateurs curieux qui iront pousser la porte des rares cinéma qui diffuseront Mezzonote à partir de demain.
Bande-annonce : Mezzanotte - VOST