Stand up : Thomas Njigol :simply The Best !!
Vous connaissez l'adage qui commence par " seuls les imbéciles..."? Eh bien, figurez vous que cet adage, je ne cesse de le mettre en pratique et la dernière fois pas plus tard que la semaine passée..
.Je m'explique : il y a quatre ans de cela, j’avais auto proclamé Fabrice Eboué comme roi incontestable du stand up. Et c’est vrai que pour avoir vu son premier spectacle sur scène, j’avais tendance à avoir une légère préférence à son égard par rapport à son fidèle compère du Jamel Comédy Club, Thomas Njigol, que je trouvais un poil plus consensuel et sensiblement moins percutant, notamment dans son jeu d’acteur.
Mais ma perception a commencé à changer l’an passé en voyant au cinéma le dernier film à ce jour du duo, Le crocodile du Bostwanga tant le personnage du dictateur africain, donnait l’occasion à Njigol,de s'éclater dans ce rôle, dans une composition vraiment jubilatoire.
Un jeu d’acteurs jubilatoire que l’énergumène a dévoilé à nouveau et de fort belle manière la semaine passée lors de son passage sur Lyon, puisque j’ai eu la chance de voir la première représentation de son nouveau spectacle 2 qu’il a joué sur la scène du Radiant à Caluire.
Si ses prestations au cinéma ont été plutôt acclamées par la critique et le grand public (Le Crocodile Du Botswanga mais aussi Case Départ et aussi son premier long métrage FastLife, sa 1ère réalisation que j’ai hélas raté en salles), c’est sur la scène que Monsieur Njigol est le plus dans son élément et c’est bien là qu’il prend toute son ampleur.
Par rapport à son premier spectacle " à Block" que j’avais vu en DVD, l’homme a pris du volume à tous les niveaux : plus à l’aise avec son public, Thomas, qui est devenu papa récemment a gagné en maturité et en finesse dans l’écriture et saint instiller de la tendresse et de l’émotion au moment où il frôle parfois les limites de la fameuse bienséance.
N’évitant aucun sujet qui fâche, Njigol parvient à transcender et aborder sous un œil singulier et toujours intelligent les thématiques des relations conjugales, de la vie en banlieue ou de la paternité pourtant souvent vue et revues par les humoristes de maintenant.
A l’heure où le stand up est de plus en plus présent sur les scènes humoristiques hexagonales, Njigol prouve de fort belle manière qu’il ne suffit pas de raconter sa vie assis sur une chaise pour être un éminent représentant du stand up.
Et dans la droite lignée des plus grandes références américaines du genre, de Richard Pryor à Steve Martin en passant par Ricky Gervais ( qu’il aime visiblement beaucoup), Njigol donne l’impression que tout ce qu'il fait est extrêmement facile alors qu'il ya un boulot énorme derrière : l’écriture est particulièrement travaillée, chaque phrase ayant son importance et également sa musicalité, et l'artiste possède une élégance et une aisance que ne renieraient pas ces illustres références.
Riant aussi bien des Arabes que des noirs, des djihadistes, des homosexuels, des journalistes et de son père (dans une imitation absolument remarquable de véracité), de sa vie de couple avec une Karole Rocher dont le portrait tracé par Thomas nous semble assez proche de son image médiatique, les textes de Njigol touchent par leur précision et leur force.
Et on ne cesse de rire tout le long du spectacle-alors que les spectacles de stand up ont souvent un creux à mi parcours-, grâce à cet humour cru et parfois cruel, mais si salvateur, voire libérateur.
Mais malgré le côté très précis et très carré du show- bref à l'américaine- Thomas parvient également à manier, comme il le faisait déjà dans les plus belles heures du Jamel Comedy Club, l’improvisation et le jeu avec le public, et n’hésite pas à remettre très vite à sa place tout intervenant dans le public un peu trop expansif avec une saillie qui ne peut que mettre le public dans sa poche.
Avec ce spectacle 2 qui dure d’ailleurs près de 2 heures, Njigol démontre d’une fort belle façon qu’il est sans doute "l’entertainer" le plus doué de sa génération…. et conservera ce titre au moins juste à temps que je ne voie le spectacle d’Eboué…
Humour N° 96 - Thomas Ngijol Best Of ★