Cherchez la femme : une comédie audacieuse et gonflée sur le voile!!
Consacrons notre billet cinéma du mardi à "Cherchez la femme", une comédie française qui sort en salles demain- qui est d'ailleurs le dernier jour de la fête du cinéma-, et que j'ai eu la chance de voir en avant première à l'UGC Lyon Confluence il y a quelques semaines, en présence de l'équipe du film.
Un film qui opte pour l'ambitieux challenge de faire rire (ou sourire pour les plus grincheux) sur des sujets aussi sérieux que le port du voile ou la radicalisation des jeunes de banlieue.
Mélangeant un peu les références cinématographiques : une pincée de "Tootsie" ou "Madame Doubfire"- pour le coté comédie sur le travestissement- un zeste de Cyrano de Bergerac (pour un amour impossible qui se transpose à travers autrui) et louchée de films français plus graves au sujet proche, comme Le ciel attendra ou Made in France,) "Cherchez la femme," même s'il n'est pas réussi à 100% et n'évite pas quelques maladresses inhérentes au premier long métrage, remplit largement son pari: faire rire de façon pas bête!
La réalisatrice Sou Abadi , après un documentaire sur L'iran "SOS à Téhéran" il y a presque quinze années déjà et des projets avortés, tente le pari de tenter la comédie avec des personnages pas forcément drôles de prime abord, comme ce frère revenu du Yemen qui tente d'imposer ses règles de vie très stricts et régis par la radicalisation à sa fratrie.
Mené tambour battant, "Cherchez la femme" s'impose après une vingtaine de minutes un peu déroutante qui nécessite qu'on accepte le postulat de départ .
Armand, étudiant plutot sans histoire, décide de se laisser porter le voile intégral et se faire passer pour une femme très religieuse pour retrouver sa chère et tendre qui subit les foudres de la radicalisation subite de son frère aîné, l'empêchant de sortir, et cherchant à la marier de force.Loin de la plupart des comédies françaises, qui use jusqu'à la corde un sujet et un même genre de comique, le film alterne ainsi différents registres de comédie.
"Cherchez la femme" est traversé de quelques séquences de burlesque, (à travers notamment la difficulté de courir avec un voile ou de boire du thé sans paille à travers le voile intégral qui donnent lieu à des scènes de comique gestuel assez efficaces), mais aussi de comique de situation à base de quiproquos, sans oublier la comédie plus sociale avec ces jeunes de banlieue pas vraiment décébrés mais un peu à coté de leurs pompes ; elle est traversée par la chronique religieuse- qui lance quelques pistes plutot malignes sur la foi,- et également la chronique politique à travers les parents d'Armand, couple d'immigrés iraniens qui ont du quitter l'Iran de Khomeiny à l'uabe des années 80 et qui désormais prone le vivre ensemble et la solidarités entre cultures.
Avec toutes ces tonalités différentes, "Cherchez la femme" réussit à rendre crédible sa situation ubuesque de départ et surtout parvient à éviter la plupart du temps les leçons de morale - sauf peut-être dans une scène de bus pas très réussie car trop didactique - et les clichés en nous montrant la diversité qui anime les habitants des cités, notamment à travers le personnage de de Leila, étudiante sensée et réfléchie.
Dans ce rôle, la chanteuse Camélia Jordana, à la fois déterminée et vulnérable, n'aura certainement jamais été aussi convaincante et pour lui donner la réplique le décidemment excellent Felix Moati confirme toutes les promesses qu'il a inspiré dès son premier film dans Télé Gaucho de Michel Leclerc: en fils de réfugiés politiques iraniens et amoureux des belles lettres, il crève l'écran et est crédible en Armand qu'en Shéhérazade.
Saluons aussi la prestation de William Lebghil (vu dans "Soda" ,la série avec Kev Adams sic) qui parvient à être touchant dans un rôle pourtant bien peu symathique et plutot effrayant .