Office : la crise financière, version comédie musicale de Hong Kong??
Le cinéaste hong-kongais Johnnie To est l'auteur d'une oeuvre pléthorique et foisonnante, qui a connu une vraie heure de gloire au début des années 2000, avec notamment une sélection en compétition à Cannes 2005...
Moins renommé que ses compatriotes Wong Kar Wai ( bientôt honoré à la rentrée par le festival lumiere) ou Tsui Hark sans doute car contrairement à eux, il s'est cantonné quasiment à un seul registre : le film policier très violent et très testostéroné, où se démarquait une virtuosité indéniable dans son utilisation de la caméra .
Bien que le type soit un stakhavoniste de la pellicule, sortant chez lui deux trois films par an, on n'avait plus trop entendu parler de lui - du moins dans les salles françaises- depuis 2009 et son expérience pas forcément très heureuse avec notre Johnny Hallyday National dans un Vengeance de triste mémoire où les flingues et les gunfights l'emportaient largement sur la subtilité et la psychologie.
Il est donc étonnant qu'il revienne sur le devant de l'actualité cinématographique avec une sortie, la semaine dernière d'un film, réalisé il y a deux ans déjà et à l'affiche dans la foulée en Chine, et encore plus étonnant de savoir que Johnnie To abandonne au moins pour un temps son genre de prédilectionpour aller du coté, plus risqué et moins attendu de la comédie musicale d'antan un genre certes remis en avant cette année par le carton de LA LA LAND.
Et c'est donc sous les oripaux de la compédie musicale, que To aborde un thème beaucoup traité ces dernières années par le cinéma occidental, notamment américain la crise économique et crise économique des années 2010, que des films comme "Margin Call" ou "The Big Short" ont traités avec un vrai talent.
Ici, To prend le parti pris de l'originalité en s'essayant à la comédie musicale et insuffle de la candeur et de la légereté à un sujet grave et tente le pari de traiter avec insouciance sa charge contre le matérialisme et le capitalisme à outrance .
Mais, malheureusement passé les premières minutes intriguantesle résultat convainc peu,: la faute à un scénario très prévisible (on suit deux jeunes loups au dents longues tentant de monter les strates de l'entreprise où ils ont été embauchés) à des personnages très archétypés, à ce décor en carton pate qui sert de lieu permanent d'un film intégralement tourné en studio et à des chansons qui ne séduisent ni pas les paroles, franchement niaises ni par les mélodies, passe partout. L'ensemble a un coté largement désuet, qui tranche avec la modernité du sujet traité.
Dommage car niveau mise en sène, Johnie To n'a visiblement rien perdu de sa virtuosité habituelle et filme avec habileté ses passages chantés qu'il chorégraphie comme un ballet, un peu de la même façon qu'il filmait ses tueries et un sens du cadrage et du montage indéniables.
Une oeuvre intriguante mais hélas peu convaincante car porteur de trop de défauts ..