Critique d'America de Claus Drexel/ Une vision parcellaire des Etats Unis..
Novembre 2016 : les États-Unis s'apprêtent à élire leur nouveau président. AMERICA est une plongée vertigineuse au coeur de l'Arizona, à la rencontre des habitants d'une petite ville traversée par la Route 66, les héritiers cabossés du rêve américain qui nous livrent leurs espoirs et leurs craintes.
Fin 2016, quelques semaines avant les élections présidentielles aux États-Unis, le réalisateur allemand Claus Drexel (dont vous avez peut être vu Affaire de famille ou Au bord du monde) prends ses caméras pour interroger l'Amérique : où e n est-on du rêve ? Et comment s'annonce la réalité : plutôt rouge républicain ou bleu démocrate ?
Pour répondre à ces questions, le documentariste va chercher au plus profond du pays et compose son film entre plans larges sur l'immensité des paysages, et portraits de personnages dans leur environnement naturel. Tapisseries vieillottes, rocking-chair sur le perron, gros 4x4 et fusils... La magie du documentaire réunit ce que westerns, séries B et films d'auteurs ont pu nous montrer du fascinant continent.
Claus Drexel nous donne à voir une Amérique figée dans les années 1980, à travers des caractères souvent décalés, parfois rustres et toujours attachants.
L'indien hopi, les vétérans du Vietnam, le barbier mexicain... tous partagent un même attachement patriote, et le même esprit de liberté.
Mais zoomons un peu sur le contexte du film. Nous sommes à Seligman, ville emblématique de la route 66 en Arizona, à 3h30 de Phoenix , 600km de Los Angeles ; la prochaine épicerie est à 1h30... Justice, police, santé, ici, on a pris l'habitude de ne compter que sur soi-même. L'esprit cow-boy se conjugue mal avec l'intervention étatique. On comprend alors mieux la résistance à l'Obama-Care et la banalisation du port d'armes.
On peut alors interroger le titre, America, et derrière lui la démarche même du film. Esthétiquement très beau, il en devient presque lisse. Et si le réalisateur a failli nous surprendre, sa présence trop peu subtile derrière la caméra trahit un regard bien européen sur cette folle Amérique. L'axe du mal serait Atlantique,avec les bons d'un côté, les bruts et les truands de l'autre...
Pourtant, des discours politiques qui s'adressent aux peurs et s'abreuvent des colères citoyennes, ça ne vous rappelle rien ?
"On est pas meilleurs que les autres, mais ont est les leaders »-
Alors allez voir America, mais à vous spectateur de ne pas tomber dans le piège croire que vous saisirez, en 1h20, la complexité d'un pays qui a autant de visages que d'habitants.
America sort en salles le 14 mars prochain. Vu en Avant-première au Comoedia le Jeudi 25 Janvier En présence du réalisateur Claus Drexel et du producteur Laurent Lavolé Dans le cadre du Festival Télérama 2018