Évasion : la poésie macabre de Benjamin Whitmer fait encore merveille

Cette journée s’inscrit dans le cadre des rencontres d’automne organisées chaque année après David Vann, Ron Rash, Qiu Xiaolong, Benjamin Whitmer prouve avec son nouveau roman, Évasion qu’il est avec son troisième roman une voix qui compte du roman noir américain
Douze détenus qui, le soir du réveillon 1968, prennent la tangente. La prison de la ville d’Old Lonesome est en état d’alerte, les gardes partent en chasse, les journalistes cherchent le scoop, le directeur de la prison chapeaute la traque depuis son QG.
À travers des messages radios scandés toute la nuit, le directeur Jugg invite les habitants d’Old Lonesome à s’enfermer chez soi et à ne laisser rentrer personne. La ville devient petit à petit un immense terrain de jeu pour une partie de cache-cache sanglante.
Avec ce troisième roman impressionnant, et après un Pike d’excellente facture Whitmer s’impose comme un nouveau maître du roman noir américain.
Avec une intrigue de traque et de méchants détenus qui pourrait sembler aussi minimaliste qu’éculée, Benjamin Whitmer use d'une belle écriture qui sait mêler un certain lyrisme à la sécheresse de ton dans de courts chapitres bien construits, et des dialogues particulièrement affutés.
« Pour le moment. Howard balance un coup de tuyau vers le crâne du maton. Le maton rentre sa tête dans ses épaules pour l’éviter, mais le tuyau le cueille à hauteur de l’oreille et il tombe sur le flanc contre les jambes de Pearl. Howard frappe de nouveau et le cuir chevelu du maton s’ouvre, pelé comme une peau de raisin. Il s’effondre un peu plus entre les jambes de Pearl. Pearl le repousse d’un coup de pied et il tombe sur le sol en faisant un bruit mat. — T’es une garce charitable, lui dit Howard. Ça aurait pu être ton mari »!
Avec ce roman choral de teneur assez crépusculaire, dont le noir et le mal suintent de chaque page, Benjamin Withmer possède une vraie et belle capacité à rendre haletante une intrigue solide et épurée, cela contribue au fait qu'on y plonge avec un réel plaisir.
L'auteur sait aussi y faire avec son style imagé pour décrire des scènes qui seraient certainement assez insoutenables si elles étaient portées à l'écran : dans Évasion, la tension monte, au fil des pages et vous plonge au cœur de l’action.
Dans ce roman d’une belle puissance qui nous prend aux tripes jusqu’à la toute fin et cette poésie macabre, et l’auteur arrive aussi à s’affiner dans son formidable style!
Cette journée s’inscrit dans le cadre des rencontres d’automne organisées chaque année : Benjamin Whitmer succède ainsi à David Vann, Ron Rash, Qiu Xiaolong, et Cilla et Rolf Börjlind.
Rencontre avec Benjamin Whitmer dans le cadre des automnes de quais du polar à 19h à la librairie Rive Gauche (Lyon 7e Également gratuite, l’inscription est recommandée sur le site du festival www.quaisdupolar.com