Festival Lumière 2018 : /Le Hussard sur le toit: quand Rappeneau sublime le classique de Giono
Dans le cadre de la restauration des plus grands films de Rappeneau restaurés le 3 octobre, et après Tout Feu Tout Flamme la semaine passée, et Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau, on parle encore de ce cinéaste champion de la comédie virevoltante et élégante avec son adaptation du classique de la littérature française, le "Hussard sur le toit" :
Cinq ans après Cyrano de Bergerac, Jean-Paul Rappeneau réalise son sixième film avec Le Hussard sur le toit.
C'est sans doute grâce au succès de l'adaptation de la pièce d'Edmond Rostand que Sylvie Giono, fille de l'écrivain, cède les droits au cinéaste d'un roman pourtant jugé presque inadaptable.
Il faut savoir que bon nombre de réalisateurs chevronnés comme Luis Bunuel, René Clément ou François Villiers, avaient auparavant rêvé de mettre en images l'un des plus grands chefs-d'œuvre de la littérature française.
C'est finalement Jean-Paul Rappeneau qui est choisi et tourne le film que tous auraient voulu signer.
Pour matérialiser son rêve et raconter les aventures d'Angelo Pardi, ce cavalier intrépide qui parcourt la Provence du XIXème siècle, Jean-Paul Rappeneau s'associe une fois de plus à Jean-Claude Carrière et invite également Nina Companeez pour construire l'adaptation du roman.
A eux trois, ils greffent au récit une véritable histoire d'amour entre Angelo et Pauline de Théus, tandis que l'œuvre de Giono racontait les péripéties d'un héros solitaire que rien ne vient troubler.
Gardant tout ce que le texte possédait de naturellement cinématographique, le film est une explosion d'images, à la fois exaltantes et funestes.
Rappeneau parvient à recréer, dans une harmonie parfaite, une histoire qui balance continuellement entre la beauté (celle de la nature de la Provence, de la lumière du soleil) et la mort (celle qui se cache dans l'ombre des fermes).
En point d'orgue, le choléra est, dans le film de Rappeneau, un révélateur de l'être humain et de ses peurs. Ceux qui l'attrapent sont ceux qui se retrouvent face à eux-mêmes, avec leur haine, leur peur et leur égoïsme.
Le couple vedette, incarné par Olivier Martinez ( dans un de ses rares grands rôles au cinéma, l'acteur ayant disparu des radars depuis) et Juliette Binoche, forme l'une des plus belles rencontres de la littérature au cinéma et est accompagné par un casting de seconds rôles prestigieux (Isabelle Carré, Pierre Arditi, Gérard Depardieu, Daniel Russo, Jean Yanne, Yolande Moreau, François Cluzet).
Juliette Binoche, lumineuse et au sommet de sa beauté, nous offre une prestation d'une justesse remarquable.
Jean-Paul Rappeneau réussit comme sans doute peu l'ont fait avant ou après ce film, à capter tout le mystère de la comédienne avec une grande pureté.
Le tournage s’est déroulé durant l’été 1994 dans plusieurs départements de la région Rhône Alpes : dans la Drôme (à Buis-les-Baronnies, la Rochette-du-Buis, Mirabel-aux-Baronnies et Saint-Paul-Trois-Châteaux), en Haute-Savoie (dans la forêt de Planfait à Talloires, au Château de Menthon-Saint-Bernard et au Château de Clermont), et en Isère (au Château de Montbonnot-Saint-Martin et au Château de Saint-Albin-de-Vaulserre).
Les ateliers de décors du TNP de Villeurbanne ont reconstitué en studio le décor de la maison des Bois où se réfugient Angelo et Pauline. Rappeneau sait parfaitement utiliser les grands moyens pour reconstituer l’atmosphère du cycle du Hussard, avec le choléra et la Provence en personnages-clés.
Pour son auteur, c’est la peur qui tue, le choléra fait figure d’allégorie et c’est aussi la leçon du film. Mais malgré l’horreur et la mort, Le Hussard sur le toit est une épopée de la jeunesse. Pierre Citron, incontournable spécialiste de l’œuvre de Jean Giono, en fait une parfaite synthèse : « Un fond de ténèbres, celui d’une terrifiante épidémie à la surface de laquelle se développe la moisissure de la médiocrité, de la lâcheté et de la rapacité humaines, mais au-dessus de laquelle se détachent des protagonistes de lumière. » (Giono, 1895-1970, Seuil)
Le Hussard sur le toit illustre une magnifique déclaration d'un cinéaste à un auteur.
Totalement inspiré par Giono, Rappeneau livre sur l'écran une somptueuse bataille entre la beauté de la nature et la violence de la mort.
Trois ans de travail, soixante-dix mille kilomètres de repérages, cent-trente jours de tournage répartis sur dix départements, plus de cent décors, une équipe technique de cent personnes, mille costumes spécialement conçus : à sa sortie, il faut se rappeler que le film est le plus cher de l'histoire du cinéma français avec ses 176 millions de francs, 6 mois de tournage, 70 000 kilomètres de repérages, 100 décors, 1 000 costumes...
A noter aussi que ce HUSSARD SUR LE TOIT ressort en salle le 7 novembre 2018, distribué par Carlotta Films, dans le cadre d’une rétrospective Jean-Paul Rappeneau et également sous forme de coffret DVD et Blu-ray depuis le 3 octobre dernier.
Le film sera projeté en version restaurée lors du Festival Lumière à Lyon, lors de trois séances exceptionnelles en présence de Jean-Paul Rappeneau :
• Jeudi 18 octobre à 20h au Cinéma MDP à Pierre-Bénite
• Vendredi 19 octobre à 11h au Cinéma Comoedia à Lyon
• Samedi 20 octobre à 14h15 au Pathé Bellecour à Lyon
Le Hussard sur le Toit - Trailer

En présence de Jean-Paul Rappeneau

En présence de Jean-Paul Rappeneau

En présence de Philippe Le Guay et Jean-Paul Rappeneau
Restauration 4K par Lagardère Studios Distribution, en collaboration avec la Cinémathèque française, avec le soutien du CNC, à partir du négatif image caméra en collaboration avec le réalisateur Jean-Paul Rappeneau au laboratoire L’Image Retrouvée (Paris-Bologne).
JEAN-PAUL RAPPENEAU
Invité du 10e |
LE HUSSARD SUR LE TOIT de Jean-Paul Rappeneau
Jeudi 18 octobre 20h00 : Pierre-bénite
Vendredi 19 octobre 11h00 : Comœdia
Samedi 20 octobre 14h15 : Pathé Bellecour
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Le jeudi 18 octobre dans le cadre du @FestLumiere 20h / Cinéma MDP - Pierre-Bénite : Le Hussard sur le toit de Jean-Paul Rappeneau (FILMS DU 10E). En présence de Jean-Paul Rappeneau #festivalumiere pic.twitter.com/Fefb4pLXk2
— Baz'art (@blog_bazart) 8 octobre 2018