Le mystère Henri Pick ( critique) : une divertissante enquête littéraire sur grand écran
En Bretagne, la petite bibliothèque municipale du village de Crozon abrite un rayon un peu spécial. En effet, celui-ci accueille les manuscrits refusés par les maisons d'édition et déposés là, en désespoir de cause, par leurs auteurs.
Au milieu d'œuvres passables voire médiocres, se cache pourtant une pépite, un roman au potentiel de best-seller, de surcroît écrit par l'ancien pizzaiolo de Crozon, décédé, que personne n'a pourtant jamais vu lire et, encore moins, prendre la plume. L'histoire est belle et les médias s'en emparent illico presto, mais ce récit d'auteur maudit qui ne connaît qu'une gloire posthume n'est-il justement pas trop beau pour être vrai ?
David Foenkinos est souvent adapté au cinéma, il faut dire que ses livres découpés de manière assez cinématographiques contiennent la dose de fantaisie , de fluidité et de profondeur nécessaires pour séduire les cinéastes.
Rémi Bezancon, auteur du génial " le dernier jour du reste de ta vie", un film culte pour de nombreuses générations, mais qui s'est montré assez décevant dans ses derniers films ( comme "nos futurs en 2015) profite de l'univers si aimé par les cinéastes de David Foenkinos pour se refaire un jolie santé avec " le Mystère Henri Pick " en salles depuis mercredi dernier.
Sa galerie de personnages hauts en couleurs mais touchants, sa plongée dans les coulisses de l'édition et des sphères littéraires, sa peinture d'une Bretagne folkorique mais pasa trop et son intrigue qui tient plutôt en haleine du début à la fin est aussi réussie dans le film que dans le livre et l'enquête menée par un Fabrice Lucchini en critique littéraire plus à son aise que dans le médiocre un homme pressé s'avère être très plaisante à suivre.
Evidemment la dite enquête se fait avec une vraie légereté (on est ici un peu plus chez Pascal Thomas que chez David Fincher), la critique du monde de l'édition un peu survolée, avait plus de corps dans l'excellent et récent Doubles vies,d'Assayas ).
Toutefois, reconnaissons largement que les dialogues sont affutés et le duo Lucchini/ Cottin fonctionne vraiment bien ( le passage visiblement improvisé sur Marguerite Duras fait vraiment plaisir à voir) et la très jolie Alice Isaaz, même dans un rôle un peu sacrifié, reste une de nos jeunes actrices les plus prometteuses du moment .
Un petit bémol cependant à ce concert de louanges : le dénouement est assez prévisible ( même pour ceux qui n'auront pas lu le livre de Foenkinos) et sans doute un peu bâclé, la musique un peu trop présente et pas toujours dans le bon tempo de l'intrigue, mais le reste est vraiment suffisamment divertissant et bien mené pour faire de ce mystère Henri Pick un film grand public d'excellente tenue, ce qui n'est pas si fréquent ..