Critique film : Première campagne, le journalisme politique au quotidien
A l’heure, des gilets jaunes, où la méfiance envers les journalistes est plus que jamais prégnante, un film documentaire - qui est d’ailleurs prêt à être projeté depuis un an selon sa réalisatrice- tente de montrer la réalité parfois trop galvaudée de ce métier.
Ce film, c’est le documentaire "Première Campagne" en salles le 17 avril 2019, qui s’attache à suivre les premiers pas Astrid Mezmorian, d’une journaliste novice au service politique de France 2.
Chargée de suivre la campagne présidentielle d’un candidat venu de nulle part, un certain Emmanuel Macron, elle a notamment marqué les esprits lorsqu'elle a questionné Macron sur le phénomène de cristallisation (scène croustillante que l'on voit dans le film), un élément de langage qui va d’ailleurs être repris par l’ensemble des médias.
Audrey Gordon, la réalisatrice de Première Campagne, n’est pas n’importe qui par rapport à Astrid Mezmorian, puisqu’elles se sont connues à Science Po et ont depuis entretenu une vraie et belle amitié.
Une amitié que l’on ressent dans ce portrait, car Astrid apparait comme une personnalité très attachante, qui réussit, à garder une vraie distance et une vraie lucidité dans une période particulièrement survoltée où le recul et la réflexion ne sont pas vraiment le plus appropriés.
Malgré l’adrénaline inhérente aux campagnes présidentielles, et ce sentiment de surchauffe permanent qu’Audrey Gordon restitue parfaitement, Astrid Mezmorian parvient à conserver cet humour et cette spontanéité (notamment lors de cette séquence assez ridicule où le couple Macron s’affiche dans une station de sports d’hiver), loin de quelques vieux éléphants du journalisme politique que l’on ne connait que trop bien., et qui semblent tout autant serviles et désabusés.
Astrid ne semble pas totalement fascinée par cette soif de pouvoir auxquels court les élus de la république, et cela la rend assez passionnante, et ne semble jamais dupe de la sorte de théâtre que joue ces candidats en permanence.
À travers des échanges avec ses collègues plus expérimentés et sa chef du service politique, Nathalie Saint-Cricq (célèbre du monde entier depuis qu’elle a animé le dernier débat entre deux tours qui est présent dans le film), on voit comment Astrid Mezmorian apprend peu à peu les facettes du métier,
Bien plus qu’une tentative de scruter la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron (ce que certaines rumeurs sur le film laissait entendre), Première campagne ne s’inscrit finalement pas spécialement dans une période particulière, et s’évertue plutôt à montrer ce qu’est le journalisme politique dans sa globalité et de façon plutôt intemporelle, de voir ce métier au quotidien et sa routine, même dans une période aussi frénétique que celui d’une campagne présidentielle.
S’attachant à essayer de suivre et de comprendre ce personnage complexe qu’est Astrid Mezmorian, "Première campagne" est un documentaire prenant qui devrait intéresser tous ceux que les médias et le monde politique interpelle.